L'ancien président colombien Alvaro Uribe condamné pour subornation de témoin
À la tête de la Colombie de 2002 à 2010, et toujours influent dans la vie politique du pays, Alvaro Uribe a été jugé coupable d'avoir tenté d'influencer des témoins dans une enquête le concernant. C'est la première fois que la justice colombienne condamne un ancien chef d'État, et le procès, qui a profondément divisé l'opinion, risque de peser sur la présidentielle de 2026.
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Derrière ses petites lunettes fines, il a écouté la juge, Sandra Heredia, prononcer la sentence au bout d'un procès au long cours, entamé en février. Après 67 audiences, et plus de 90 dépositions à la barre, Alvaro Uribe, 73 ans, a été reconnu coupable de "subornation de témoin", devenant le premier chef d'État colombien condamné par la justice de son pays. Alvaro Uribe peut encore faire appel, mais il encourt jusqu'à 12 de prison.
Une décision historique, à l'issue de ce que les médias colombiens ont présenté comme le "procès du siècle". L'affaire, c'est vrai, a tenu le pays en haleine ces derniers mois, et elle a profondément divisé l'opinion, comme la mobilisation autour du tribunal l'a encore montré. Pancartes "Innocent" tenues à bout de bras, les partisans d'Uribe criaient à la persécution politique, quand les opposants de l'ancien président rappelaient son passé sulfureux.
Une procédure judiciaire qui s'est retournée contre lui
Alvaro Uribe, qui a dirigé le pays entre 2002 et 2010, incarne parfaitement les blessures du passé et les divisions du pays. Adulé par les uns pour sa fermeté, il est critiqué par les autres, notamment pour sa proximité avec les milices paramilitaires d'extrême droite. L'affaire qui lui vaut cette condamnation, a débuté en 2012, quand un député de gauche, Ivan Cepeda, a transmis à la justice les témoignages de deux anciens paramilitaires, qu'il était allé interroger en prison. Les deux hommes pointaient le rôle de l'ancien président dans la création de milices qui ont ensanglanté la région de Medellin, dans les années 1990. Alvaro Uribe, qui venait de quitter le pouvoir, décide alors de poursuivre le député pour diffamation. C’est lui qui engage la procédure, mais elle va se retourner contre lui...
En 2018, la Cour suprême colombienne décide effectivement d'innocenter Cepeda, mais lance une enquête contre l'ancien président, soupçonné d'avoir fait pression sur les paramilitaires pour qu'ils changent leur témoignage. Son avocat leur aurait proposé de l'argent et des réductions de peine. À partir de 2020, Alvaro Uribe est assigné à résidence, et toutes ses tentatives pour classer l'affaire vont échouer, jusqu'à cette condamnation. Une décision de justice rendue sous très forte pression, et qui enflamme la classe politique, car l'ancien président conserve une influence et une popularité importante.
Le soutien américain
Figure emblématique, et idole de la droite dure pour sa lutte sans merci contre les Farc, Alvaro Uribe représente aussi toute une époque troublée et violente. C'est notamment sous sa présidence que l'armée est soupçonnée d'avoir opéré des milliers d'exécutions arbitraires, au nom de la lutte contre les guerillas marxistes. Sa condamnation va forcément planer sur la présidentielle de l'année prochaine, et elle pourrait aussi peser sur les relations de la Colombie avec les États-Unis, qui avaient largement appuyé sa politique. Le secrétaire d'État, Marco Rubio, très hostile à l'actuel président de gauche, Gustavo Petro, s'est d'ailleurs fendu d'un commentaire sur les "juges radicaux", sitôt la condamnation prononcée.
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