Incertitude sur l'avenir d'Elon Musk à la Maison Blanche

La rumeur enfle autour du sort politique de l'homme le plus riche du monde, propulsé par Donald Trump à la tête du DOGE, le département de l'efficacité gouvernementale. L'aventure politique d'Elon Musk touche-t-elle déjà à sa fin ?

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Elon Musk et Donald Trump, le 22 mars 2025. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)
Elon Musk et Donald Trump, le 22 mars 2025. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

Critiqué en interne, et confronté aux difficultés de son groupe automobile Tesla, l'homme le plus riche du monde pourrait quitter son poste dès les prochaines semaines. La question bruisse dans la capitale fédérale américaine, où le site Politico, généralement bien informé, a dégainé le premier. Elon Musk pourrait quitter dès les prochaines semaines la direction du DOGE, ce "département de l'efficacité gouvernementale", crée de toutes pièces en marge du gouvernement, pour tailler dans les dépenses et les effectifs des administrations.

"Fake news", a immédiatement réagi l'intéressé mais, selon Politico, son départ a été évoqué par Donald Trump lui-même, la semaine dernière, avec des proches et des membres de son cabinet. Le président américain, qui a salué son travail, lundi 31 mars, depuis le bureau ovale, a rappelé au passage que le milliardaire "dirige aussi une grande entreprise, et finira par y retourner".

Embauché pour une mission précise et limitée

Pas question bien sûr de se fâcher avec celui qui a très largement financé la campagne du président, et qui possède le réseau social le plus influent de la galaxie trumpiste. Mais les difficultés rencontrées par son groupe automobile Tesla fragilisent Elon Musk et, dans l'univers impitoyable de la Maison Blanche, l'idée que l'omniprésent magnat de la tech soit un handicap politique semble avoir fait son chemin.

La mission d'Elon avait de toute façon un terme, malgré l'opacité entourant son statut spécial, ni élu, ni validé par le Congrès. Sa fonction se limitait normalement à 130 jours, et devait donc se terminer d'ici début juin, alors que le décret instaurant le DOGE fixait la fin de mission le 4 juillet 2026, date ô combien symbolique puisqu'elle correspond au 250e anniversaire de la déclaration d'indépendance des États-Unis.

Entre-temps, les équipes du milliardaire ont taillé très largement dans les ministères, s'attirant autant de félicitations que de critiques. Le bilan de leur action reste difficile à mesurer pour l'instant, avec de nombreuses procédures en cours, des annonces spectaculaires mais dont la réalité est parfois difficile à vérifier. Et quelques couacs aussi, entre services publics perturbés et programmes à l'arrêt, comme celui sur la prévention du virus Ebola.

Image écornée après un bilan mitigé

Elon Musk a par ailleurs connu un premier échec politique symbolique cette semaine, avec la défaite d'un candidat qu'il avait soutenu à coups de millions de dollars. Il lui avait même rendu visite dans le Wisconsin.

Mais il est surtout rattrapé par la chute des ventes de Tesla. Une chute vertigineuse depuis l'élection de Donald Trump, avec un recul des ventes de 13% au 1er trimestre 2025. Et une valorisation divisée par deux en bourse, au point de faire sérieusement grincer des dents chez les investisseurs. Ces résultats sont attribués à la concurrence chinoise mais aussi à la mauvaise réputation du patron, provoquant boycott voire dégradation des modèles dans plusieurs pays du monde.

Depuis le début de l'année, la fortune de l'homme le plus riche du monde a reculé de plus de 100 milliards de dollars. Il pourra se consoler en constatant que Tesla sera l'une des firmes automobiles les moins touchées par les droits de douane imposées au secteur par Donald Trump, avec environ 75% des équipements de ses voitures provenant du marché américain. Et l'ovni politique dispose d'une place considérable dans l'industrie spatiale américaine, amenée à devenir plus stratégique encore dans les prochaines années.

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