Guerre en Ukraine : une opération digne de Mission Impossible a été réalisée par les services secrets ukrainiens sur le sol russe

À la veille des pourparlers qui doivent reprendre lundi matin en Turquie, les Ukrainiens ont réalisé l'impensable en allant détruire des avions stratégiques ennemis avec des petits drones kamikazes cachés sur le sol russe.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Drone lancé dans une attaque sur une base sibérienne, d'après une vidéo filmé par un habitant. (Capture d'écran JT France 2.)
Drone lancé dans une attaque sur une base sibérienne, d'après une vidéo filmé par un habitant. (Capture d'écran JT France 2.)

Une action digne d'un film d'espionnage, la comparaison n'est pas exagérée. En matière d'inventivité, d'audace et de résultats, on est dans la même catégorie que l'opération israélienne des bipeurs contre le Hezbollah.

Alors que deux accidents de train en Russie sont survenus ce week-end, laissant penser les autorités à des actes terroristes, une opération revendiquée par les services secrets ukrainiens a visé des avions stratégiques sur plusieurs bases aériennes, dimanche 1er juin.

Le plan a été monté en un an, six mois et neuf jours, d'après le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Une opération baptisée "Toile d'araignée", qui a consisté à faire rentrer clandestinement en Russie des drones kamikazes. Ils ont ensuite été conditionnés dans des caches, visiblement installés sous le toit de conteneurs, eux-mêmes positionnés sur des camions.

Une centaine de drones dormants

Ces espèces de rampes de lancement pour drones dormants ont été positionnées tout près de plusieurs bases aériennes. Puis 117 drones ont été activés. On les voit sur les vidéos qui ont été très vite publiées sur les réseaux sociaux. Ce sont de petits appareils noirs qui décollent de conteneurs qui sont stationnés sur le bord de la route. Ils volent au-dessus d'une piste d'atterrissage sur le bord de laquelle, à gauche, on voit des bombardiers en feu.

Le chiffre n'est pas vérifiable, mais les services ukrainiens disent qu'ils ont détruit une quarantaine d'appareils. Ils citent des bombardiers stratégiques porteurs de missiles de croisière, des appareils supersoniques, des transports militaires. Tout cela sur quatre bases, dont la plus éloignée se situe à plus de 4 300 kilomètres de l'Ukraine.

La Russie a été touchée en plein cœur. Elle n'est pas KO, mais elle est sonnée. Un peu avant cette opération, elle avait visé un camp d'entraînement ukrainien dans lequel 12 soldats avaient été tués.

Un impact surtout psychologique

Cependant, cette opération ne peut sans doute pas inverser le cours des choses sur le terrain. C'est avant tout un impact psychologique. Sur la ligne de front, les Russes ont l'avantage, ils concentrent leur offensive dans la région de Donetsk, mais aussi de Soumy, au Nord-Est, où de nouveaux ordres d'évacuation ont été prononcés pour 11 villages ukrainiens.

En mai, les Russes ont conquis deux fois plus de territoires qu'en avril. Ils ont aussi intensifié leur campagne aérienne. Presque 500 drones ont été lancés dimanche. Les moyens antiaériens des Ukrainiens sont à leur limite.

Or, lundi 2 juin, des pourparlers reprennent à Istanbul et risquent d'être compromis par cette action. Mais les attentes étaient déjà très limitées. Les Russes sont toujours soupçonnés de vouloir gagner du temps. La première rencontre, il y a deux semaines, n'a pas rapproché les positions. Depuis, Donald Trump a manifesté son impatience, mais le président américain n'appuie toujours pas sur le levier des sanctions. Donc, on ne s'attend pas à de grands résultats.

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