Gaza : un plan de paix déjà très fragilisé

Une semaine après le sommet pour la paix de Charm-el-Cheikh en Égypte, le cessez-le-feu ne tient déjà plus qu'à un fil dans la bande de Gaza. Alors que la première phase du plan de paix n'est pas encore bouclée, la suite de sa mise en œuvre reste entourée de questions.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
De nouvelles frappes aériennes israéliennes ont touché Bureij, au centre de la bande de Gaza, le 19 octobre 2025. (STR / EFE)
De nouvelles frappes aériennes israéliennes ont touché Bureij, au centre de la bande de Gaza, le 19 octobre 2025. (STR / EFE)

Est-ce que le cessez-le-feu est encore en vigueur dans la bande de Gaza ? "Oui, il l'est !", répond Donald Trump à cette question qui traduit la fragilité du plan de paix mis en place par le président américain, comme la tension qui règne ces derniers jours dans l'enclave palestinienne. Et si Donald Trump insiste sur la réussite d'un accord dont il est sorti auréolé, l'euphorie de Charm-el-Cheikh est bien vite retombée.

La seule journée de dimanche, mouvementée et meurtrière, illustre la difficulté de la mise en œuvre d'un plan de paix dont la première phase n'est pas encore bouclée. Si tous les otages vivants ont bien été rendus à Israël, 12 dépouilles seulement ont été remises par le Hamas, sur les 28 corps que le mouvement islamiste est censé restituer. Tous les otages morts en captivité n'ont donc pas été récupérés, mais le Hamas semble désormais conditionner leur restitution à l'entrée de l'aide humanitaire dans l'enclave, promise par Israël. Alors que l'ouverture du point de passage de Rafah, à la frontière égyptienne, est suspendue, chacun campe sur ses positions, et la moindre étincelle fait monter la tension.

Exécutions publiques et chasse aux traîtres... le Hamas fait régner un climat de terreur

Un scénario qui a entraîné une reprise des bombardements israéliens sur le sud de la bande de Gaza, dimanche, avec un bilan d'au moins 45 morts selon la défense civile, sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne explique avoir réagi à plusieurs incidents impliquant des combattants du Hamas, qu'elle accuse d'avoir violé la trêve. Le mouvement islamiste, loin de s'effacer du paysage, a lui mené ces derniers jours une campagne intense de règlements de compte dans l'enclave, entre exécutions publiques et chasse aux traîtres, soupçonnés de collusion avec Israel. Un climat de terreur imposé par le Hamas, pour affirmer son autorité, et rappeler son rôle incontournable avant toute ébauche de désarmement.

C'est normalement la suite du plan de paix américain, mais ses contours restent encore particulièrement flous, et entourés de questions. Le désarmement du Hamas est au centre du jeu, mais on ne sait pas en détail quelles armes ça concerne, ni qui sera chargé de les récupérer. Une force internationale de sécurité pourrait s'en charger, mais reste à déterminer qui va la composer, et quand et comment elle pourra se déployer. Des précisions qui manquent, enfin, sur la suite du retrait de l'armée israélienne, en l'absence de tout calendrier.

C'est dans ce climat de défiance et d'incertitudes que l'émissaire du président américain, Steve Witkoff, arrive lundi 20 octobre dans la région. Il sera suivi le lendemain par le vice-président, J.D Vance, qui aura pour mission de maintenir le cadre de l'accord, et de faire, avec les pays médiateurs et garants de l'accord, que le cessez-le-feu, obtenu au forceps, ne reste pas sans lendemain.

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