Frappes américaines en Iran : un bilan en question

Dès le lendemain des frappes américaines sur les trois principaux sites nucléaires iraniens, Donald Trump et Benyamin Nétanyahou se sont félicités des objectifs atteints et une trêve est mise en place depuis mardi. Pourtant l'évaluation réelle des dégâts et des résultats obtenus se fait attendre.

Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Camions stationnés près d'une entrée souterraine de l'usine iranienne d'enrichissement de combustible de Fordo, le 19 juin 2025. (- / SATELLITE IMAGE ?2025 MAXAR TECH / AFP)
Camions stationnés près d'une entrée souterraine de l'usine iranienne d'enrichissement de combustible de Fordo, le 19 juin 2025. (- / SATELLITE IMAGE ?2025 MAXAR TECH / AFP)

À l'heure de la fragile trêve annoncée sous l'égide de Donald Trump, mardi 24 juin, il est temps de faire un premier bilan des frappes américaines du week-end. Celles-ci n'ont peut-être finalement eu que peu d'impact. Mercredi 25 juin, une chose est sûre : la menace nucléaire iranienne demeure. Personne ne sait où se trouvent les 400 kg d'uranium enrichi à 60%, produit par les Iraniens ces dernières années. Ce matériau aurait pu être déplacé discrètement, comme un trésor de guerre.

Depuis les frappes américaines, qui ont surpris tout le monde dans la nuit de samedi à dimanche 22 juin, des photos satellites datant d'avant l'attaque, montrent des camions autour du site de Fordo et font craindre un déplacement possible de l'uranium dans des tunnels que les frappes n'auraient pas détruits (il pourrait aussi s'agir d'une tentative d'ensablement du site pour mieux en protéger l'accès). Il est aussi question d'une cachette dans ce nouveau site nucléaire secret dont l'Iran a révélé l'existence juste avant la guerre, le site de Kuh-e Kolang Gaz, près de l'usine de Natanz qui, elle, a été fortement bombardée. Bref, le mystère est total.

Le retour d'une solution politique ?

Ces doutes viennent en tout cas contredire les narratifs triomphateurs qu'on a entendus. Israël disait, mardi, avoir rempli ses objectifs de guerre, retardé de plusieurs années le programme nucléaire iranien. Et alors que le régime iranien s'affichait fièrement en résistants, Donald Trump se voyait, lui, en maître du monde incontesté.

Les différents protagonistes ont oublié - ou font mine d'oublier - un paramètre essentiel : l'évaluation des dégâts, le "damage assessment", comme l'appellent les militaires. Ce sont ces données qui conditionnent la suite des événements. La solution militaire n'est pas forcément suffisante. La solution politique revient donc au centre du jeu, à savoir le retour des négociations avec l'Iran après la trêve annoncée.

Reste à savoir où sont prêts à aller chacun des acteurs. Les États-Unis sont-ils prêts à lever massivement les sanctions contre Téhéran ? Les Iraniens sont-ils prêts à réellement limiter l'enrichissement de leur uranium à 3,5% pour un usage uniquement civil ? Et les Israéliens seront-ils alors prêts à cesser les combats ?

Il y a en tout cas un acteur qui peut retrouver des couleurs. C'est l'Europe, impuissante depuis 12 jours, mais que Donald Trump, qui affectionne peu les négociations complexes, pourrait appeler à la rescousse.

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