Etats-Unis : les juges fédéraux s’inquiètent pour leur sécurité

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les juges fédéraux américains se sentent menacés, au point qu’ils envisagent de créer leur propre service de protection.

Article rédigé par Sébastien Paour
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le tribunal de Milwaukee (Wisconsin), où une juge a été arrêtée par le FBI en avril 2025 et accusée de s'opposer à la politique migratoire de Donald Trump (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)
Le tribunal de Milwaukee (Wisconsin), où une juge a été arrêtée par le FBI en avril 2025 et accusée de s'opposer à la politique migratoire de Donald Trump (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

C'est le Wall Street Journal qui raconte : une cinquantaine de juges fédéraux étaient réunis pour le rendez-vous semestriel de la Conférence judiciaire à Washington, et ils ont profité de l’occasion pour faire le tour des menaces qui pèsent sur eux depuis le retour de Trump au pouvoir. Et le constat est assez effrayant : plusieurs dizaines de juges fédéraux en ont reçu, comme de fausses alertes à la bombe à leur domicile ou... des pizzas non commandées, reçues chez eux, au nom du fils d'une juge fédérale abattu en 2020 chez ses parents par un justiciable mécontent. Manière d’intimider en faisant comprendre "on sait où tu habites".

Les juges fédéraux sont en première ligne parce que c'est auprès d'eux que sont contestées certaines mesures prises par le président républicain depuis fin janvier. Leurs décisions ont par exemple annulé, au moins pour un temps, l'expulsion de migrants sans procédure régulière, ou les coupes dans les fonds et les effectifs de certaines agences fédérales. Ces juges sont considérés comme des obstacles à la politique de Trump et il les critique de plus en plus ouvertement.

Sous la protection des marshalls

Face à ces menaces, les juges réfléchissent à la création de leur propre service de sécurité. Leur protection est, jusqu'à présent, assurée par les marshalls : des agents de police qui assurent aussi, par exemple, le transport des prisonniers et l'arrestation des fugitifs. Ces marshalls relèvent du ministère de la Justice et donc, au final, du président. Les juges craignent que Donald Trump ordonne parfois aux marshalls d’arrêter de les protéger, en représailles à des décisions qui ne lui conviendraient pas.

D'autant plus que les effectifs des marshalls chargés de la sécurité judiciaire n'ont pas augmenté depuis des années alors que les menaces, elles, ont doublé. Ils doivent protéger quelque 2 700 juges et 800 bâtiments judiciaires fédéraux. D'où l'idée, pour les juges, d’avoir leur propre force de sécurité. Ce climat d'inquiétude illustre bien les relations particulièrement tendues avec le pouvoir exécutif.

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