En Italie, une série retraçant l'ascension de Benito Mussolini rencontre un gros succès à la télévision

Les premiers épisodes ont réuni 1 million de personnes en moyenne sur Sky, une chaîne payante, et provoqué de vifs débats dans le pays.

Article rédigé par Bruno Duvic
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Benito Mussolini, à Turin en 1932. (LEEMAGE via AFP)
Benito Mussolini, à Turin en 1932. (LEEMAGE via AFP)

En Italie, les derniers épisodes de M, l’enfant du siècle, la série consacrée à l’ascension de Benito Mussolini, ont été diffusés à la télévision cette semaine. Un joli succès d’audience et un débat assuré. Les premiers épisodes ont réuni 1 million de personnes en moyenne sur Sky, qui est une chaîne payante. C’est l’un des meilleurs lancements de série pour cette chaîne, avec de nombreuses interactions sur les réseaux sociaux.

Au début du premier épisode, Mussolini se présente, face caméra, en 1919 au début de son ascension. Il est interprété par l’acteur Luca Marinelli, couvert d’éloges pour ce rôle. C’est l’une des particularités de cette série, réalisée par l’Anglais Joe Wright d’après la saga à succès de l’écrivain Antonio Scurati. Mussolini raconte au spectateur son ascension, il dit tout ce qu’il a en tête comme Frank Underwood dans House of cards. Ses mensonges, ses manipulations, l’usage de la violence : "Je suis comme les bêtes, je sens changer le temps. Et ce temps est le mien". La série, tournée en grande partie à Cinecittà, où la Milan de l’après Première Guerre mondiale a été reconstituée, se déroule dans une lumière sépulcrale.  

De vives réactions dans le pays

Les réactions ont été nombreuses, dès la diffusion de la bande-annonce en clair sur quasiment toutes les chaînes la veille de la première diffusion. Mussolini s’adresse au spectateur : "Vous aussi, vous deviendrez fasciste." Faut-il rappeler qu’un parti issu du post-fascisme est au pouvoir aujourd’hui en Italie. Dans la presse de droite radicale, les propos de l’acteur qui a dit son malaise à se mettre dans le costume de Mussolini sont moqués. La série, par ailleurs, ne soulignerait pas assez que le fascisme a aussi fait de bonnes choses. "L’avez-vous regardée ?", est la question posée à tous les politiques. "Je n’ai pas le temps de regarder des séries", a répondu Giorgia Meloni.

L’un de ses parrains en politiques, Gianfranco Fini, l’homme qui au sein de la droite radicale a appelé à une rupture avec le fascisme dans les années 1990, dit que le film n’est pas à la hauteur de la gravité du sujet. Et c’est vrai qu’on est parfois au bord de la farce. Mussolini vous fait des clins d’œil quand il a une bonne manipulation en tête, il est brutal.  Le résumé, c’est un historien qui le fait dans le journal La Stampa : "Cette série, c'est l’histoire comme elle s’est passée avec les moyens du cinéma. L’histoire s’adresse à la tête, le cinéma au ventre. C’est une mise en scène, mais qui ne trahit pas la vérité historique."

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