Au Japon, une admiratrice de Margaret Thatcher devient la première femme à prendre les rênes du gouvernement

Élue présidente du parti libéral-démocrate (PLD) début octobre, Sanae Takaichi a réussi à bâtir une coalition pour devenir la première femme à occuper le poste de Première ministre au Japon. Connue pour ses positions ultraconservatrices, celle qui a grandi dans l'ombre de Shinzo Abe a promis de s'attaquer à l'inflation et à la relance de la 4e économie mondiale.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La conservatrice Sanae Takaichi devient la première femme Première ministre du Japon, le 21 octobre 2025. (PHILIP FONG / AFP)
La conservatrice Sanae Takaichi devient la première femme Première ministre du Japon, le 21 octobre 2025. (PHILIP FONG / AFP)

Pour la première fois de son histoire, le Japon sera donc désormais dirigé par une femme, Sanae Takaichi, qui a obtenu le feu vert du Parlement après avoir signé lundi 20 octobre un accord de coalition avec le parti de centre droit Ishin. Un évènement dans un pays où la présence féminine reste marginale en politique, et une consécration pour celle qui a pris, début octobre, la tête du parti libéral-démocrate, qui gère les affaires du pays depuis plusieurs décennies.

Âgée de 64 ans, Sanae Takaichi est depuis longtemps déjà une figure de premier plan de la vie politique japonaise. Députée depuis 1993 et plusieurs fois ministres, elle a grandi dans l'ombre de son mentor, Shinzo Abe, assassiné en 2022 dans la ville de Nara où elle est née. Elle partage avec lui un nationalisme très poussé, et un goût prononcé pour les questions de sécurité.

De métalleuse rebelle à Première ministre ultraconservatrice

Mais Sanae Takaichi, c'est aussi un personnage au parcours assez déconcertant. Passionnée de moto et de heavy metal, elle a été batteuse dans un groupe lors de ses années à l'université, et c'est ensuite comme chroniqueuse télé qu'elle décoiffe avec son style rebelle. Revenue à plus de sobriété à partir de la trentaine, elle devient professeure d'économie, puis se lance en politique où elle se distingue par ses positions ultraconservatrices, en particulier sur la famille et les questions de société. 

Une vision très traditionnelle qui tend au révisionnisme quand il est question de l'histoire du Japon. Sanae Takaichi a notamment toujours nié les crimes de l'armée nippone pendant la Seconde Guerre mondiale, et elle avait l'habitude de se rendre chaque année au sanctuaire Yasukuni, symbole du passé colonialiste et militariste du pays. Une visite qu'elle s'est abstenue de faire il y a quelques jours, pour éviter les polémiques et les crispations avec les voisins de la région, la Chine ou la Corée du Sud en tête.

À peine nommée, elle va se confronter à Donald Trump

Désormais au pouvoir, Sanae Takaichi sera sans doute moins clivante. À la fois par crainte d'isoler son pays dans la région, mais aussi parce qu'elle ne dispose que d'une majorité relative, et parce que la grande priorité de son mandat demeure la lutte contre l'inflation, et la relance de l'économie, dans un pays vieillissant et très endetté. Sanae Takaichi a aussi promis de s'attaquer à l'immigration, alors que la peur de l'étranger s'est largement répandue dans l'opinion.

Admiratrice de Margaret Thatcher, la nouvelle "dame de fer" du Japon sera très vite dans le grand bain de la politique étrangère. À son agenda des prochains jours, deux grands sommets économiques, et la visite d'un certain Donald Trump, avec qui elle compte renégocier l'accord douanier conclu par Tokyo au mois de juillet dernier.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.