Accord trouvé sur les minerais entre Washington et Kiev, pour "une Ukraine libre et souveraine sur le long terme"

Le secrétaire américain au Trésor a confirmé la signature d'un accord avec Kiev sur l'exploitation des ressources naturelles ukrainiennes, à travers la création d'un fonds d'investissement commun aux deux pays.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a annoncé le 1er mai 2025 la signature d'un vaste partenariat avec Kiev pour l'accès aux ressources ukrainiennes. (MANDEL NGAN / AFP)
Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a annoncé le 1er mai 2025 la signature d'un vaste partenariat avec Kiev pour l'accès aux ressources ukrainiennes. (MANDEL NGAN / AFP)

L'accord discuté depuis de longues semaines entre les États-Unis et l'Ukraine a donc fini par trouver une conclusion, mercredi 30 avril. La ministre ukrainienne de l'Économie, Ioulia Svyrydenko, a fait le déplacement à Washington pour signer le document, qui prévoit la création d'un fonds d'investissement, géré équitablement par les deux pays, et qui sera alimenté par l'exploitation future des ressources du sous-sol ukrainien.

Une signature confirmée cette nuit, et avec des mots forts, par le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, qui a évoqué "un signal clair envoyé aux dirigeants russes de l'engagement de l'administration Trump dans un processus de paix centré sur une Ukraine libre et souveraine sur le long terme". Des mots jamais entendus dans la bouche du président américain, et qui confirme que l'accord économique constitue une pierre dans le jardin de Moscou.

Un fonds pour reconstruire l'Ukraine

Concrètement, ce large partenariat prévoit la mise en place d'un fonds d'investissement pour la reconstruction de l'Ukraine, et donne aux Américains un accès aux ressources naturelles du pays, ce qui concerne l'exploitation de minerais mais aussi de gaz et de pétrole. L'accord ne concerne que des projets d'avenir, Kiev ayant obtenu de conserver les revenus générés par les gisements existants, et le choix des sites à exploiter. Par ailleurs, l'Ukraine ne versera pas de réparations financières aux États-Unis, ce qui soulage considérablement ses finances alors que cette contribution a longtemps été au cœur des négociations.

L'accord a mis du temps à se concrétiser, et il faut souligner qu'Américains et Ukrainiens reviennent de loin sur ce dossier, avec en point d'orgue des tensions qui ont marqué les tractations, cette scène mémorable du bureau ovale, fin février, quand Volodymyr Zelensky, venu discuter de cet accord, s'était fait tancer devant les caméras du monde entier.

Accord rendu plus acceptable pour Kiev

On va d'ailleurs rappeler que le président ukrainien est à l'origine du projet, qui remonte à l'automne dernier. Kiev cherchait alors un moyen de garantir une implication américaine sur la durée, et Donald Trump s'était emparé de l'idée, en y voyant l'opportunité de se faire "rembourser" les milliards dépensés pour soutenir l'Ukraine. Sauf que le président américain avait présenté une facture exorbitante à son homologue, qui a refusé de céder au chantage, et de "brader les richesses" de son pays. Après d'âpres négociations, l'accord conclu semble plus équilibré, et offre, au moins en façade, une sorte d'assurance aux deux parties. Pour Washington, celle d'un potentiel retour sur investissements, pour Kiev, celle d'ancrer dans le marbre, et dans son sous-sol, sa relation avec les États-Unis.

Pour relativiser un peu la portée d'un accord salué comme une victoire en Ukraine, précisons qu'une partie de son contenu reste très hypothétique. D'abord parce qu'il ne concerne que des projets à venir, longs à sortir de terre, et dont le potentiel est encore incertain. La richesse des ressources ukrainiennes n'est pas totalement garantie, et le développement de projets d'exploitations, très coûteux, sera largement contraint si la guerre continue. Tout cela renvoie les premiers profits potentiels à un horizon lointain et incertain, au moment où la Maison Blanche s'impatiente face à des négociations de paix qui patinent.

Enfin, point essentiel, un flou persiste sur les contreparties militaires négociées par Kiev, qui répète avec insistance avoir besoin des systèmes de défense que pourrait lui fournir son allié. Donald Trump ne s'y est jamais engagé publiquement ces derniers temps, et son administration est restée très discrète sur le sujet en marge de la signature de l'accord.

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