Les enseignants bénévoles de la Croix-Rouge
Deuxième volet de notre feuilleton à l'occasion des 150 ans de la Croix-Rouge, créé par Henri Dunant en 1863 à Genève. Parmi les actions bénévoles de la branche française, on connaît les maraudes et les actions de secourisme. On connaît moins les cours de français gratuits proposés aux ressortissants étrangers. Apprendre la langue est une étape indispensable à leur insertion dans l'Hexagone.
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Entre le
matériel des secouristes et les réserves de l'épicerie sociale, les bénévoles
de la Croix-Rouge du 15ème arrondissement de Paris ont poussé les murs de leur
local. Ils ont installé des tableaux, des bureaux et des chaises. Ici, chaque
soir du lundi au jeudi de 19 heures 30 à 21 heures, il y a cours de français.
Yasser, Palestinien arrivé il y a quatre ans, et Francesca, jeune Italienne débarquée
il y a un mois, suivent le cours débutant de Cécile. Dans la vie, cette jolie
trentenaire blonde est bibliothécaire, mais deux fois par semaine, elle offre
donc de son temps pour enseigner le français. "Une activité très
gratifiante " dit-elle, car les élèves sont particulièrement motivés
pour faire des progrès et reconnaissants envers elle.
"J'essaye
de ne pas manquer de cours. C'est super ces leçons gratuites ",
remercie Yasser, jeune Palestinien de Gaza arrivé en France en 2009. Son niveau
de français est rudimentaire car il a jusqu'alors occupé son temps à chercher
des petits boulots pour s'en sortir. Aujourd'hui, il sait que pour se sentir
bien dans l'hexagone, il doit maîtriser mieux la langue. Alors, il récite les
conjugaisons que lui demande Cécile "Je sors, tu sors, il sort... "
A ne pas confondre avec "j e saurai, tu sauras, il saura... "
"Les verbes en français, c'est quand même très difficile ",
s'amuse le jeune homme.
"On
ne demande pas les papiers"
La jeune
Francesca est tout aussi décidée. Depuis deux semaines, elle s'est mise au
français, toute seule chez elle avec des livres. Les cours gratuits de la Croix-Rouge assurés par ces bénévoles sont très précieux pour elle, car elle a un
tout petit budget pour s'en sortir.
Dans la
salle d'à côté : un cours avec un niveau un peu plus élevé. Les élèves sont
Ukrainiens, Roumains, Marocains, Indiens. Ils ont de 25 à 50 ans. Et là le
professeur c'est Alain, retraité de l'enseignement qui a fait une partie de sa
carrière en Afrique et se régale à continuer à offrir encore un peu de son
savoir.
"Dent pour dent... Quand les poules auront des dents... Mentir comme un arracheur de
dents... ", Alain détaille et explique des expressions, précise des
conjonctions de coordination, donne des pense-bêtes pour le vocabulaire.
"Nous
ici, on accueille tout le monde, on ne demande pas les papiers des gens. Ce
serait contraire aux valeurs de la Croix-Rouge qui s'adresse à tous sans
distinction, dans la plus grande neutralité ", explique le sexagénaire.
Des
simulations de conversation téléphonique
Pour ce qui
est du contenu des cours, ici pas de grande littérature. Cécile par exemple
propose des exercices les plus concrets possibles. "Quelquefois on
simule un entretien d'embauche ou une demande de rendez-vous médical. Je fais
la secrétaire et leur demande de faire le malade. La semaine dernière, je leur
ai fait remplir un recommandé de la Poste. Aujourd'hui on a recensé le nom des
différents quotidiens qui existent en France ", explique la jeune femme.
Hanan est
une des élèves les plus assidues. Cette Marocaine parlait mal le français en
arrivant en 2003. Aujourd'hui, elle travaille. Elle est devenue assistante
maternelle, elle paye des impôts. Hanan le sait, ses progrès en français grâce
à la Croix-Rouge ont joué pour beaucoup dans son intégration. "Mes
enfants sont fiers de mes progrès. Grâce à ces cours, j'ai trouvé un endroit où
je me sens bien et où je ne pense qu'à moi pendant quelques minutes. Bientôt
j'aurai le niveau de français suffisant pour poursuivre mes études. Je veux
passer le CAP petite enfance ", ajoute-t-elle.
Si Hanan et
les autres reviennent chaque semaine c'est aussi parce qu'ils aiment l'esprit
multiculturel de la Croix-Rouge. Ce soir-là Yasser a apporté des friandises, pour
marquer l'Aïd-el-kebir, la grande fête musulmane. "L'an passé, on avait
aussi fait un cours sur les recettes de cuisine. Chaque élève avait rédigé la
recette mais aussi apporté le plat qu'il avait cuisiné. Ce sont toujours des
moments de partage enrichissants ", confie le professeur.
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