La part obscure du Qatar

Le Qatar, pays micoscopique, dispose d'un patrimoine estimé à 210 milliards de dollars et il est situé entre 2 géants : l'Arabie Saoudite et l'Iran.
Financièrement et géopolitiquement, le Qatar est intéressant.
Les élus français doivent-ils pour autant négliger sa part obscure ?
Il accueille sur son sol une représentation officielle des talibans afghans.
Il héberge l'indésirable leader du Hamas. Et il y a deux ans, quand le sulfureux président iranien Ahmadinejad se rend au Liban, le Qatar finance...

Olivier Dassault est l'un des élus français qui connaît le mieux ce petit Etat. Il rencontre régulièrement les membres de la famille Al Thani.
Il a présidé le groupe parlementaire d'amitié France Qatar, il en fait d'ailleurs toujours partie. Le député UMP a donc eu tout le loisir de poser les questions gênantes à l'Emir.
"Non , avoue-t-il, lorsque l'on est avec un Emir, on essaye de pas l'ennuyer avec des sujets qui pourraient fâcher. Le principe d'un groupe d'amitié, c'est que l'on est là pour entretenir l'amitié ."

Des liens avec des groupuscules terroristes ?

L'Emirat héberge la plus grande base militaire américaine hors des Etats Unis. Il intervient régulièrement pour aider les occidentaux dans des négociations périlleuses. Comme en 2007 quand il a réglé la facture pour la libération des infirmières bulgares détenues en Libye.

Mais dans le même temps, il est soupçonné de financer des mouvements terroristes. Des fonds qataris pourraient alimenter des groupuscules comme ceux qui font régner la terreur au Nord Mali.
Lionnel Luca veut en savoir plus. Le député français réclame une commission d'enquête parlementaire.
Le Qatar investit beaucoup en France, il aimerait savoir pourquoi.
"Si le seul objectif du Qatar était de gagner de l'argent et nous avec, il n'y aurait aucun problème , explique Lionnel Luca. Mais quand on mêle la politique, et quelle politique ! pour financer des groupes totalitaires fanatisés qui vont à l'encontre de nos propres intérêts, on arrive à un point où cette duplicité ne peut pas continuer ."

Ce discours désespère Kamel Hamza. Ce conseiller municipal UMP à la Courneuve préside l'association nationale des élus locaux pour la diversité.
Il s'est rendu au Qatar pour obtenir de l'argent dans un fonds d'aide aux entreprises de banlieue. L'Emirat a dit oui mais l'agitation que l'annonce a provoqué en France gèle cette expérience. "C'est du business, ce n'est pas de la charité , s'agace Kamel Hamza. On vient nous expliquer que ce qui est bon pour le CAC 40 n'est pas bon pour les banlieues. Si l'on fait une commission d'enquête, faisons-le pour tous les pays qui investissent sur notre sol. Mais arrêtons de stigmatiser un pays ."

Le Qatar est tout petit, à peine plus grand que la Gironde. Et il est loin d'être le principal investisseur en France.
Mais à force d'opérations spectaculaires, il a fini par attirer l'attention.