Eurotunnel : l'amertume des petits porteurs
Suite de notre feuilleton consacré cette semaine au 20e anniversaire du tunnel sous la Manche. Vingt ans d'une odyssée loin d'être de tout repos pour le groupe qui a frôlé la faillite en 2007. Aujourd'hui Eurotunnel est sorti de la zone rouge mais le groupe est passé tout près de la catastrophe financière. Et pour les petits porteurs, qui ont cru à l'aventure dès le départ en 1987, l'amertume est grande. Car beaucoup ont tout perdu.
Quand le tunnel entre en Bourse, fin 1987,
l'investissement est présenté comme un placement d'avenir. C'est le chantier du
siècle, une prouesse technique, on promet une envolée rapide de l'action, si
bien que 750.000 petits porteurs se laissent séduire.
"Il y avait un
battage absolument phénoménal sur le projet, le chantier, le bienfait que cela
apporterait à l'Europe. C'était plus que tentant, il fallait participer "
se souvient Montserrat, actionnaire historique. "Je me suis dit que mes enfants et petits-enfants seraient fiers de
s'enrichir avec ce que je leur laisse ", ajoute Christian, un autre
petit porteur.
Mais la lune de miel entre les petits porteurs et
Eurotunnel est de courte durée. Après l'inauguration en grande pompe du tunnel,
l'euphorie retombe. Et des problèmes de gestion apparaissent. "D'abord l'action se casse la figure ",
ajoute Montserrat, "les devis ont
littéralement explosé et les délais n'ont pas été tenus, tout a été bâclé et
tout le monde réalise alors qu'il y a eu arnaque, qu'il y a eu tromperie ".
Au final, Eurotunnel aura coûté deux fois plus que prévu. Pour éviter la
faillite, les petits porteurs sont mis à contribution.
Certains ont tout perdu
Aujourd'hui, Eurotunnel va mieux mais son succès s'est
fait aux dépens des petits porteurs assure Montserrat. "Il fallait qu'Eurotunnel soit construit,
sauf qu'il est construit sur le sacrifice de 300 à 700.000 actionnaires pour
qui ce placement représentait l'épargne de toute une vie. Ils ont perdu 98% de
leurs avoirs et ont été piégés ". Christian, lui, a perdu les 450.000
euros qu'il a investis.
Lors de la dernière assemblée générale, fin avril,
Eurotunnel a présenté des résultats positifs. Les comptes sont passés dans le
vert. Aujourd'hui, Christian n'est plus actionnaire d'Eurotunnel. Montserrat,
elle, possède encore 4.500 actions. Et elle tient les dirigeants politiques
pour responsables de ce raté. "Il y
a eu des ingérences phénoménales dans toute la vie du tunnel. Ils n'ont cessé
d'imposer des contraintes qui ont, à chaque fois, enfoncé davantage le groupe.
C'est monstrueux ce qu'ils ont fait, c'est cynique ". Pour les petits
porteurs historiques, l'aventure Eurotunnel aura tourné au fiasco.
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