Gisèle Pelicot (3/5) : le procès, de la noirceur à la lumière

En novembre 2020 quand les policiers de Carpentras révèlent à Gisèle Pelicot les agissements de son mari depuis dix ans, elle voit son monde s’effondrer. Désormais seule, elle se prépare au procès, ignorant que celui-ci va la sortir de l’anonymat.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Gisèle Pelicot au tribunal d'Avignon, le 19 décembre 2024. (GUILLAUME HORCAJUELO / EPA / MAXPPP)
Gisèle Pelicot au tribunal d'Avignon, le 19 décembre 2024. (GUILLAUME HORCAJUELO / EPA / MAXPPP)

D'abord, Gisèle Pelicot refuse de regarder les vidéos montrées par les policiers, des images tournées à son insu par son mari. Le traumatisme est immense et s'infliger un tel visionnage lui est impossible. Mais trois ans et demi plus tard, peu avant le procès, Gisèle finira par les regarder. L'audience approche, ses avocats doivent préparer leur cliente.

Dans le cabinet de l'un d'eux, là sur l'écran d'ordinateur, on voit plusieurs hommes en train de la violer dans son lit, parfois on entend Dominique Pelicot qui filme et insulte son épouse endormie. Gisèle regardera tout. Et c'est après cela qu'elle va prendre la décision qui va renverser le cours de sa vie : le procès ne se déroulera pas à huis clos, elle veut qu'il soit public.

Face à ses bourreaux

"La honte, c'est à mes bourreaux de l'avoir", déclarera Gisèle plus tard à la barre. Parmi ces bourreaux, 50 hommes ont été retrouvés en plus de son mari. Des hommes qui avaient entre 22 et 67 ans au moment des faits, des pères de famille pour certains, pompier, retraité, routier, entrepreneur dans le BTP, entre autres…

Ces hommes pour beaucoup ne reconnaissent pas les faits et Gisèle Pelicot a été malmenée certains jours par les avocats de la défense. Certains ont insinué qu'elle pouvait avoir été consentante, voire complice, de son mari. Mais non, ça n'a pas été le cas. Gisèle se retrouve aussi face à celui qui avait été son grand amour pendant 50 ans, Dominique Pelicot. "Je cherche à comprendre comment l'homme parfait a pu en arriver là", déclare-t-elle, peinant à l'accabler pendant le procès.

Le jour du verdict, le 19 décembre, tous les accusés sont condamnés. Dominique Pelicot écope de 20 ans de réclusion criminelle. Devant un mur de micros et caméras, Gisèle, devenue une icône mondiale, se tient à côté de son petit-fils Nathan. Elle déplie un petit papier et lit : "J'ai confiance à présent en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie dans le respect et la compréhension mutuelle."

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