L’œuvre de Georges Hugo, peintre et petit-fils de Victor Hugo dévoilée dans une exposition
Le musée Victor Hugo à Paris célèbre ses 120 ans et dévoile l'exposition "Georges Hugo, L’art d’être petit-fils". L'occasion de découvrir l'itinéraire passionnant d'un artiste méconnu.
L’exposition "Georges Hugo, L’art d’être petit-fils", à l'occasion des 120 ans du musée Hugo à Paris, nous entraîne dans l’univers du peintre et petit-fils de Victor Hugo. Georges perd son père à l’âge de 4 ans et entretient un rapport fusionnel avec son grand-père qu’il appelle "papapa". D’ailleurs en 1902, symbole fort, il obtient le droit de signer ses œuvres "Georges Victor-Hugo".
Durant son enfance, il écoute avec sa sœur Jeanne les histoires que lui raconte son illustre grand-père, et il aime l’observer en train de dessiner des personnages étranges et autres châteaux mystérieux. Victor Hugo reçoit Georges en vacances dans sa maison de l’île de Guernesey, dans les années 1870. Une maison de pirates aux yeux du petit garçon. C’est surtout ici, à Hauteville House, que naît sa vocation : il y reçoit ses premières leçons de peinture données par l’artiste Ernest Duez.
Un carnet de dessin au creux de la main
"Je pense tout le temps à Guernesey, qui est un idéal, écrit Georges à sa mère. Je me demande souvent si je serai jamais aussi heureux que quand j’étais enfant. Je crains bien que non." Voilà pourquoi, dans ses toiles, Georges Hugo explore le souvenir familial. À commencer par le fameux lock-out de Hauteville House. C’est dans cette alcôve, d’où l’on perçoit le ciel et l’océan, qu’écrit abondamment Victor Hugo.
"Tout au long de l’exposition, note Gérard Audinet, directeur des maisons de Victor Hugo à Paris et Guernesey, on voit que Georges a vraiment vécu avec un carnet de dessin au creux de la main et il n’a cessé de dessiner tout ce qui était autour de lui. Il dessine comme un mémorialiste, il enregistre en temps réel ses mémoires, ce qu’il voit, donc énormément de scènes de sociabilité dans les cafés, les salons de thé, au théâtre…".
Une toile représente des navires au port de Toulon, car c’est dans la marine que Georges Hugo fait son service militaire. "Et Georges se retrouve parmi les simples matelots, précise Gérard Audinet, dont beaucoup sont analphabètes. Il y a une barrière de classe et ses camarades savent parfaitement qui il est. Il leur donne des cours et essaye de leur apprendre à lire, cela va durer presque quatre ans. Donc il a une empathie pour les misérables, pour le peuple."
Georges Hugo mène une vie mondaine, il grandit avec un groupe d’amis fidèles depuis l’enfance. Parmi eux Pauline Ménard-Dorian qu’il épouse en premières noces et immortalise dans une toile où, vêtue d’une robe blanche aux manches bouffantes, elle apparaît au milieu de leur appartement parisien cossu. "Ce très beau portrait de Pauline rappelle l'esprit du peintre italien Boldini."
Engagé sur le front pendant la guerre 14-18, Georges Hugo découvre - alors qu’il se trouve en Champagne - la réalité des combats et des tranchées. Toujours muni d’un crayon à papier et d’un carnet, il dessine dès qu’il en a l’occasion, à l’image de son tableau Le Champ de bataille de Navarin sur lequel des soldats ramènent un homme tombé au combat. Georges dira qu’il a aimé partager la vie des combattants durant la grande guerre.
En expédition avec Charcot
L’exposition dévoile aussi les années Dora, prénom de la seconde épouse de Georges Hugo. Il lui consacre un magnifique portrait sans dévoiler son visage, c’est sa nuque gracieuse et ses cheveux bruns relevés en chignon que l’on perçoit. C’est avec elle qu’il part en 1902 pour une longue croisière au-dessus de l’Islande afin d'accompagner leur ami explorateur Jean-Baptiste Charcot. L’occasion de peindre de façon minimaliste l’île Jan Mayen cette terre d’ours et de goélands, représentée ici par deux volcans enneigés. L’une de ses plus belles œuvres.
L’exposition raconte aussi l’homme à l’aide de documents graphiques et des photos. On disait Georges Hugo à la fois extravagant et réservé. Extravagant parce qu’il jouait aux jeux d’argent et aimait briller en société. Joueur aussi quand, à la veille de l’inauguration de la tour Eiffel, il se fait passer pour un inspecteur de la sécurité pour monter avant tout le monde !
"Georges le reconnaît lui-même, commente Gérard Audinet, et il le dira à son fils Jean : il n’est pas un exemple à suivre. Il a absolument tous les défauts, c’est ce qui nous le rend d’ailleurs très sympathique. Il est prodigue, il aime beaucoup les femmes, l’alcool, le jeu, il est dépensier, querelleur, bagarreur, il défend parfois à coups de poing la réputation de Victor Hugo."
Grande admiration pour les impressionnistes
Jean, le fils de Georges Hugo estime que l’œuvre de son père est proche de celle du peintre Jean Vuillard qui s’illustre comme lui dans la peinture de figure, de portrait, d’intérieur, de scène intimiste. "Il a pratiqué l’eau-forte, la lithographie colorée, la gravure sur bois. On voit ses talents de peintre très luministe, très sensible aux atmosphères. Il a une grande admiration pour les impressionnistes."
Georges Hugo s’intéresse à l’aspect très éphémère du temps qui passe et notamment dans les scènes de bistrots qu’il croque avec une forme de mélancolie proustienne. "Georges se sent moins bien dans le Paris d’après-guerre que dans le Paris d’avant-guerre ; il porte déjà ce regard nostalgique sur les choses, il est inquiet."
Georges Hugo décédera le 5 février 1925 à Paris, à moins de 57 ans.
Cette exposition "Georges Hugo, l’art d’être petit-fils" est visible jusqu’au 10 mars prochain.
EN PRATIQUE
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
La Maison Victor Hugo à Paris est située 6, place des Vosges.
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