Qu'est ce qui dysfonctionne dans les pratiques de recrutement ?

Mails automatiques, critères de sélection, petits mensonges, séduction... L'École de commerce EM Normandie a identifié plusieurs facteurs qui irritent aussi bien les candidats, les recruteurs que les managers dans le processus d'embauche.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
"Le recrutement est un terrain de confrontation entre plusieurs définitions de la justice" souligne l'étude de l'école de management EM Normandie. (ERIC AUDRAS / PHOTOALTO / GETTY IMAGES)
"Le recrutement est un terrain de confrontation entre plusieurs définitions de la justice" souligne l'étude de l'école de management EM Normandie. (ERIC AUDRAS / PHOTOALTO / GETTY IMAGES)

Pour réaliser cet état des lieux, l'EM Normandie et ses partenaires ont lancé l'an dernier un appel à témoignages. De fil en aiguille, ils ont pu interroger les candidats, le recruteur et le manager de 20 opérations de recrutement. L'objectif étant de comprendre comment chacun a vécu le processus. "Croiser les regards a permis de faire remonter plusieurs irritants", affirme Jean Pralong, enseignant chercheur dans cette école de commerce. Pas des horreurs absolues", mais des frictions assez fortes qui ne doivent pas rester cachées sous le tapis, alors que le recrutement génère une insatisfaction croissante. Chacun peut se sentir injustement traité par des pratiques, qui pour d'autres sont légitimes".

Le ghosting, synonyme de "petites lâchetés" plutôt que d'incivilités

Premier irritant, le mail automatique : "Votre candidature a été bien reçue, elle est en cours de traitement". Pour les candidats, les logiciels qui envoient les réponses automatiquement sont "le summum de la maltraitance" résume Jean Pralong. "C'est perçu comme un faux message parce que c'est l'ordinateur qui parle". Alors que pour le recruteur, c'est l'exemple parfait de la justice, puisque chaque candidat est traité de la même façon.

Autre sujet qui agace, les candidats qui embellissent leur CV et les recruteurs qui enjolivent le poste. "C'est un jeu de dupes inhérent au processus d'embauche, tout le monde à un truc à vendre" souligne l'auteur de l'étude. Mais cela crée une situation un peu pénible où chacun essaie de décoder ce que dit et ce que pense l'autre. Quant au fait de disparaître en cours de recrutement, le ghosting, il y a plus de petites lâchetés que d'incivilités des deux côtés selon l'étude. Le recruteur se dit que le logiciel va donner la réponse et finit par oublier. Le candidat pense que le processus traîne en longueur, qu'il est un "plan B", et il veut s'épargner une mauvaise nouvelle.

Des irritants aussi entre recruteurs et managers

Au tout début du processus, recruteurs et managers se concertent sur les critères à vérifier. Les premiers, qui sont assez attentifs aux problèmes de discrimination doivent faire face aux demandes des seconds, qui ne sont pas toujours dans les clous. Faut-il demander à une femme si elle compte avoir des enfants ? Oui pense le manager, pour éliminer le risque. Non, estime, le recruteur, ce n'est pas éthique.

Cela crée une situation floue, parfois, difficile au moment de la présentation du candidat. Le manager peut le refuser sans dire pourquoi. Cela souligne la place dominante de ce dernier dans le processus et les frustrations importantes qui en découlent chez le recruteur.

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