Les entreprises peuvent-elles s'entendre pour ne pas se piquer mutuellement leurs salariés ?
C'est une première en France. L'Autorité de la concurrence vient de sanctionner 4 entreprises pour des pratiques de non-débauchage de salariés. Elles s'étaient mutuellement interdit de solliciter et de recruter leurs employés respectifs. Comment le pot aux roses a-t-il été découvert ?
/2025/06/19/gettyimages-494325121-6854329294ef4959218598.jpg)
En 2018, une entreprise de conseil dans les technologies vient frapper à la porte de l'Autorité de la concurrence. Elle s'appelle Ausy et sollicite la clémence pour une faute qu'elle a commise et qu'elle s'apprête à révéler. Elle affirme, preuves à l'appui, avoir conclu un accord de non-débauchage de salariés, notamment avec son concurrent Alten.
L'enquête menée par le gendarme de la concurrence confirme les faits. Pendant 9 ans, Ausy et Alten se sont mutuellement interdit de faire la danse du ventre à leurs équipes managériales respectives. Les sollicitations directes étaient interdites, les candidatures spontanées jetées à la poubelle, et les deux entreprises se concertaient lorsque des mobilités de salariés étaient en projet. Cet accord informel, non écrit, que l'Autorité de la concurrence qualifie de "gentlemen's agreement" était global et n'avait aucune limite dans le temps.
Lors de l'enquête, des pratiques similaires ont été découvertes entre deux autres entreprises du secteur. Conséquence : à l'exception d'Ausy, qui s'est autodénoncée, toutes ont été sanctionnées. La plus grosse pénalité, 24 millions d'euros, c'est Alten qui devra la verser.
Quel message envoie l'Autorité de la concurrence ?
"C'est un signal fort" selon l'avocat Malik Idri, associé au cabinet FTPA. "C'est la première fois que des accords de non-débauchage sont qualifiés de pratiques anticoncurrentielles, parce qu'ils portent gravement préjudice aux salariés. Ces derniers sont empêchés de partir, cela les prive de débouchés et de leviers pour obtenir de meilleurs salaires". Ces pratiques existent depuis longtemps dans les entreprises, affirme l'avocat. Désormais, l'avertissement est clair. C'est interdit. Avec quelques exceptions, cependant.
La clause de non-sollicitation reste permise, sous certaines conditions
L'Autorité de la concurrence a en effet profité de cette affaire pour accomplir un gros travail de pédagogie et pour dire ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas.
La clause de non-sollicitation reste permise, à condition qu'elle soit limitée dans le temps et qu'elle nomme les personnes concernées. Par exemple, lorsqu'une entreprise de conseil envoie un consultant en mission, l'entreprise hôte s'engage à ne pas le débaucher. La clause est alors écrite noir sur le blanc dans le contrat. "C'est une pratique classique et répandue dans la sous-traitance", affirme Malik Idri. Mais sont-elles toutes conformes ?
Ce qui est formellement interdit en revanche, c'est donc le "gentlemen's agreement", cet accord global conclu à l'oral, qui vise indistinctement tout ou partie des salariés, pour une durée indéterminée. D'après l'avocat, les autorités de la concurrence aux Etats-Unis et en Europe, sont de plus en plus nombreuses à se positionner sur ce sujet.
À regarder
-
Pourquoi le vote du budget peut te concerner
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
-
Le préfet de Paris Laurent Nuñez succède à Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur.
-
Adèle Exarchopoulos : "Quand le monde se résigne à banaliser la violence... Ce qui reste, c'est le collectif"
-
Un mois après sa mort, le message de Charlie Kirk résonne encore
-
Le rappeur SCH déclare sa flamme à Marcel Pagnol dans un film d'animation consacré au célèbre cinéaste
-
Plan de paix pour Gaza : quatre nouveaux corps d'otages ont été remis à Israël
-
SFR bientôt racheté par ses concurrents ?
-
Musée Chirac : braqué puis cambriolé en 48 heures
-
Otages israéliens : révélations sur leur détention
-
Réforme des retraites : suspendue pour 3,5 millions de Français
-
Gouvernement de Sébastien Lecornu : censure ou pas censure ?
-
Coup d'envoi de la vaccination contre la grippe
-
Skai Isyourgod, le phénomène du rap chinois
-
Délit de fuite : la vie brisée de Marion
-
Disparition des coraux : une menace pour l'humanité
-
Bac de maths en 1ère, une bonne nouvelle ?
-
Une minute de silence en hommage à ces profs tués
-
IA : des paysages touristiques trop beaux pour être vrais ?
-
Sébastien Lecornu annonce la suspension de la réforme des retraites jusqu'à l'élection présidentielle
-
Pourquoi ton lycée pro est en grève aujourd’hui
-
La joie des Palestiniens libérés des prisons israéliennes
-
Le prix Nobel d'économie est pour la suspension de la réforme des retraites
-
François-Xavier Bellamy défend la posture de Bruno Retailleau qui chute dans les sondages
-
Lecornu II : des nominations surprises
-
Enquête après la mort de Sara, 9 ans
-
Madagascar : le président contesté écarte toute démission
-
Le gouvernement Lecornu II face à la réforme des retraites.
-
"Mange mon cul noir", Yseult (encore) en clash
-
"Ce n'était plus ma femme" : l'ultime interrogatoire de Cédric Jubillar avant le verdict
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter