Le plafond de verre reste tenace pour les femmes dans la Fonction publique territoriale

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler dans les collectivités territoriales, en tant que fonctionnaires ou contractuels. Elles représentent 61% des effectifs mais sont toujours une minorité à accéder à la fonction la plus élevée.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Seulement 24% des femmes accèdent au poste de Directrice générale des services dans les collectivités territoriales de plus de 40.000 habitants (ERIC AUDRAS / MAXPPP)
Seulement 24% des femmes accèdent au poste de Directrice générale des services dans les collectivités territoriales de plus de 40.000 habitants (ERIC AUDRAS / MAXPPP)

Dans la territoriale, la fonction de direction la plus élevée est celle de Directeur général des services. Il s’agit de la personne qui coordonne les services et met en œuvre les décisions politiques locales, en relation directe avec le maire, le président de département, de région, de métropole.

Or les femmes sont à peine 24% à occuper ce poste prestigieux de numéro 1, dans l’ensemble des collectivités territoriales de plus de 40.000 habitants. En moyenne, bien sûr, car il y a des différences selon la taille des collectivités et des filières. Plus inquiétant, cette proportion n’a presque pas bougé ces deux dernières années, selon le tout récent Observatoire de la parité publié par l’association Dirigeantes & Territoires.

Des femmes plus diplômées et plus formées

Pourquoi les femmes accèdent-elles beaucoup moins à ce poste ? Rien ne l'explique, selon Dayana Chamoun-Fievée, qui préside l'association. Les données chiffrées publiées par l’Observatoire montrent que, dans la territoriale, les femmes sont en moyenne plus diplômées que les hommes. Elles sont plus nombreuses aussi à se former pendant leur carrière. Par ailleurs, on trouve 69% de femmes dans la catégorie A, qui mène aux postes de directions.

La loi Sauvadet de 2012, qui vise à résorber le déficit de parité dans les fonctions d’encadrement supérieur de la fonction publique, a permis à bien plus de femmes de monter en grade. Par exemple au deuxième plus haut poste, celui d’adjoint. Mais "cette contrainte réglementaire n’a eu presque aucun effet sur le poste de numéro 1, celui de Directeur général des services" estime Dayana Chamoun-Fievée. "Peut-être que certaines femmes n’osent pas postuler, ajoute-t-elle, mais on ne peut pas leur faire porter toute la responsabilité". Il faut aussi sensibiliser les maires et les présidents de collectivités, qui sont en grande majorité des hommes, et qui recrutent directement ces numéros 1.

Améliorer l'index de l'égalité professionnelle dans les collectivités territoriales

L'association Dirigeantes & Territoires souhaite que le gouvernement porte lui-même cet observatoire de la parité, qui montre la réalité des inégalités professionnelles. Elle demande que l’accès au poste de numéro 1, dans la territoriale, soit mieux réglementé avec, pourquoi pas, une alternance des genres pendant un même mandat.

"Sinon on peut se regarder mille ans dans le blanc des yeux, il ne va rien se passer" dit sa présidente. Elle propose aussi d’améliorer l’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, qui mesure notamment les écarts de rémunérations ou l’accès aux plus hautes fonctions. Il s’applique depuis peu aux collectivités territoriales. C’est un bon outil mais il est largement perfectible, selon l’association.

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