C'est dans ma tête. Né d'un don de sperme
Une affaire récente de deux personnes conçues par insémination artificielle avec donneur de sperme, relance le débat sur la possibilité de connaître l'identité d'un géniteur, ce que la loi française interdit.
Un homme de 34 ans, né par PMA (procréation médicalement assistée) grâce à un don de sperme, a retrouvé récemment, après l’avoir longtemps cherché, le donneur qui a permis sa conception. Et le retrouver était, dit-il, essentiel pour lui.
La psychanalyste Claude Halmos revient sur les questions que pose la fin de l'anonymat du don de sperme. Comment expliquer un tel besoin de connaître ses origines ?
Les êtres humains sont comme les arbres : ils ont besoin, pour tenir debout, de racines. Et les racines des êtres humains, c’est le savoir qu’ils ont sur leurs origines
Claude Halmos
Comment expliquer cela ?
C’est une chose que l’on constate, dans la pratique de la psychanalyse : ne pas connaître ses origines, provoque toujours de la souffrance et des symptômes. On le voit chez les enfants à qui l’on a caché qu’ils avaient été adoptés, par exemple. Ou chez ceux à qui l’on a menti sur l’identité de leur père ou de leur mère. Et bien sûr chez les personnes "nées sous x", qui ont l’impression (tout à fait justifiée) qu’on les a amputées d’une partie d’elles-mêmes.
Dans le cas d’une PMA avec donneur(s) il est important de connaître le (ou les) donneurs ?
Ce qui est essentiel c’est qu’un enfant, né par PMA, le sache. Et qu’il sache qu’il y a eu - si c’est le cas - un ou des donneurs. Parce que la façon dont un enfant a été conçu fait partie de son histoire et, à ce titre, lui appartient. Et il est important de le rappeler. Parce que les parents, qui ont souvent souffert d’avoir dû recourir à la PMA, ont parfois du mal à en parler à leur enfant. Mais pour ce qui est de connaître les donneurs eux-mêmes, le problème est beaucoup plus compliqué. D’abord parce qu’il y a la question de leur anonymat, qu’ils ont souhaité et qu’il faut respecter. Et surtout parce qu’il y a souvent une ambiguïté sur la notion même de "donneur", sur le statut du donneur.
Quelle ambiguïté sur le statut du donneur ?
Dans la conception d’un enfant, il y a deux niveaux. Il y a le niveau de la biologie : il faut un ovule et un spermatozoïde. Mais il y a aussi un autre niveau, tout aussi essentiel, qui est celui du désir. Les parents du désir (si l’on peut dire) sont ceux qui ont voulu que l’enfant naisse. C’est à dire qu’un être humain, différent d’eux, naisse de leur union. Ces parents peuvent être les mêmes que ceux de la biologie, mais ils peuvent aussi ne pas l’être. Comme dans le cas de l’adoption : l’enfant a des parents biologiques. Et il a en plus, une fois adopté, des parents que l’on peut dire "d’amour et d’éducation".
Donc les donneurs sont, pour l’enfant, des parents biologiques ?
Je ne crois pas. Et je crois que tout le problème est là. Parce que si l’on dit à l’enfant que le donneur est son "père biologique", on introduit une ambiguïté. Parce que le désir d’un donneur n’est pas de devenir père. Il est un désir d’aider (sans doute par solidarité) un autre homme à le devenir. C’est très différent. Je crois donc qu’il faudrait réfléchir au statut du donneur. Trouver peut-être, pour qualifier la place qu’il occupe pour l’enfant, un autre mot que "père biologique". Et faire en sorte - parce que c’est essentiel - que chaque enfant ait la possibilité de connaître, non pas son donneur, mais, par le biais d’une fiche médicale, le capital génétique qu’il lui a transmis.
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