C'est dans ma tête. La suppression de l'ENA
Emmanuel Macron a annoncé la suppression de l'ENA, l'école nationale d'administration. Et l'idée, c'est que la fonction publique ne soit pas réservée aux seuls enfants des classes aisées, mais d'aider tous les enfants à réaliser leur projet professionnel, quel que soit leur milieu d'origine.
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Le président Macron a annoncé le 8 avril 2021 la suppression de l’ENA qui forme, depuis 1945, les plus hauts fonctionnaires du pays. Son but, il l’a dit, est de faire que la fonction publique ne soit pas réservée aux seuls enfants des classes aisées. Comment cette mesure peut-elle aider les enfants défavorisés ? Des éléments de réponse avec la psychanalyste Claude Halmos.
franceinfo : Nous aimerions revenir avec vous sur ce que met en jeu, pour des jeunes issus de milieux défavorisés, la réalisation de leurs projets professionnels. Pensez-vous qu’une telle mesure puisse les aider ?
Claude Halmos : Réussir leur projet professionnel est difficile pour tous les jeunes ; surtout quand ce projet suppose qu’ils s’éloignent de leur milieu d’origine. Et leurs parents jouent un rôle essentiel, parce qu’un projet professionnel commence souvent, chez un enfant, par un rêve. Il y a quelques années, dans une publicité, un petit garçon disait qu’il voulait être "magicien-pâtissier". C’était très joli, mais aussi très juste.
Ce rêve de l’enfant dépend beaucoup de ce que ses parents lui ont permis de connaître, mais il faut ensuite que non seulement, ils ne le lui cassent pas (en le décrétant par exemple stupide, ou irréalisable), mais qu’ils l ‘aident au fil des années, à le soutenir (ou à le modifier) ; et ensuite à le transformer en projet. Cela peut leur être très difficile.
Pour quelles raisons ?
Accepter que son enfant choisisse une vie que l’on n’avait pas imaginée, suppose de pouvoir le considérer comme une personne à part entière, susceptible d’avoir des désirs différents des siens. C’est difficile pour certains parents, à cause de ce qu’ils ont eux-mêmes vécu. D’autant qu’ils peuvent se sentir trop prisonniers, eux-mêmes de leur milieu social, pour imaginer que leur enfant puisse en sortir.
Ensuite, il faut qu’ils puissent l’aider, pendant toute sa scolarité, à avoir confiance en lui. Ce dont il a besoin pour surmonter ses craintes, mais aussi pour être sûr qu’ils ne se sentent pas trahis par son projet, et l’approuvent. Et ensuite il y a le rôle que joue la société.
Vous pouvez nous en parler ?
Le rôle de la société ne se limite pas à permettre sur le papier – même si c’est important – l’accès de tout le monde, à toutes les écoles, parce que l’accès à une grande école, ne commence pas à son concours d’entrée, il se prépare dès la maternelle. Et pas seulement par la qualité des enseignements proposés, parce que les freins sont aussi psychologiques. Quand on vient d’un milieu défavorisé, on n’a pas le même bagage culturel et social que les autres, et on le sait. On peut donc craindre de se sentir, dans une grande école, un mouton à cinq pattes, au milieu de ceux qui ont acquis ces bagages.
L’école doit donc, dès la maternelle, avoir une fonction de passeur, et montrer aux élèves, mais aussi à leurs familles, qu’ils peuvent passer sur l’autre rive. L’école a souvent joué ce rôle. Il y a des exemples célèbres : Albert Camus par exemple a raconté ce qu’il devait à son instituteur. Mais elle le joue malheureusement de moins en moins, alors qu’elle est une arme essentielle dans la lutte contre les inégalités sociales. Pour que la suppression de l’ENA soit le début d’un vrai changement, il faudrait donc repenser aussi l’ensemble de l’institution scolaire.
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