Pour lutter contre la pollution atmosphérique, la Thaïlande envoie des avions refroidir le ciel de Bangkok

Cette technique qui consiste à brumiser soit de l’eau glacée, soit des particules de glace carbonique en altitude semble tout droit sortie d'un film de science-fiction. Le gouvernement thaïlandais assure qu'elle est efficace, mais de nombreux scientifiques doutent des résultats réels de cette opération.

Article rédigé par franceinfo, Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
15 janvier 2025, un pilote participe à une mission de modification atmosphérique visant à déplacer la pollution en pulvérisant de l'eau glacée dans l'air, à la périphérie de Bangkok. (CHANAKARN LAOSARAKHAM / AFP)
15 janvier 2025, un pilote participe à une mission de modification atmosphérique visant à déplacer la pollution en pulvérisant de l'eau glacée dans l'air, à la périphérie de Bangkok. (CHANAKARN LAOSARAKHAM / AFP)

La population des grandes villes thaïlandaises est confrontée à une envolée de la pollution atmosphérique. En janvier, des centaines d’écoles ont même dû fermer. Les autorités cherchent désespérément des moyens de nettoyer cet air insalubre, allant même jusqu'à envoyer des avions dans le ciel de Bangkok pour y brumiser de l’eau glacée.

La situation s'est un peu améliorée dans la capitale thaïlandaise qui compte plus de 11 millions d'habitants. Désormais, la ville ne compte plus de zones rouges, ces quartiers où la densité de particules fines dans l’air est considérée comme dangereuse pour la santé, particulièrement pour les personnes âgées et les enfants. C’est à cause de ces particules que le gouvernement avait fait fermer la semaine du 20 au 26 janvier plus de 350 écoles dans la ville et avait conseillé aux enfants de rester le plus possible à l’intérieur. La plupart des personnes qui pouvaient travailler chez eux étaient également incitées à le faire.

Les sources de la pollution

Faute en est, comme souvent, en grande partie au trafic routier dans la capitale, qui génère énormément de pollution atmosphérique. Autre source notable de cette pollution de l'air, les brûlis agricoles. Dans de nombreux pays d’Asie du Sud-est, des paysans mettent, en ce moment, le feu à leurs champs. Une pratique classique qui permet de préparer la terre pour les prochaines plantations, mais qui génère beaucoup de gaz à effet de serre.

Le gouvernement thaïlandais incite ainsi la population à limiter les trajets en voiture au minimum et demande aux agriculteurs d'essayer de trouver des alternatives à ces pratiques, mais il est difficile de s'adapter pour beaucoup. Depuis quelques jours, les pouvoirs publics se sont ainsi tournés vers une technique plus inédite : le refroidissement du ciel.

Refroidir le ciel, une technique efficace ?

Certains chercheurs estiment que la pollution atmosphérique se masse particulièrement au-dessus de Bangkok, car la ville serait victime de ce que l’on appelle une inversion thermique : en altitude, un couvercle d’air chaud étouffe l’air plus froid, qui se trouve, lui, à hauteur de la ville. En cassant ce couvercle chaud, on permettrait à l’air de circuler et à la pollution de se dissiper. Les autorités envoient donc des avions dans le ciel pour essayer de modifier la température de ce couvercle d’air chaud, en faisant des cercles, plusieurs fois par jour, à 1 500 mètres d’altitude, pour brumiser soit de l’eau glacée, soit des particules de glace carbonique.

Les cadres du gouvernement assurent que la densité de particules fines baisse un petit peu après ces vols. Mais d'autres scientifiques se montrent plus sceptiques sur l’efficacité réelle de ces vols d’avions, qui coûtent par ailleurs très cher, et qui polluent encore davantage, tout en ne s'attaquant pas vraiment au cœur du problème.

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