Le Japon veut plus d'algues dans les océans pour capter le "carbone bleu"

Le gouvernement japonais vient de lancer une vaste étude pour évaluer le potentiel des algues marines dans la lutte contre les émissions de dioxyde de carbone.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le carbone bleu, c’est tout le CO2 qui est capté par les plantes sous-marines et les algues, et dans certains pays, dans les mangroves. (photo d'illustration). (JASON EDWARDS / GETTY IMAGES)
Le carbone bleu, c’est tout le CO2 qui est capté par les plantes sous-marines et les algues, et dans certains pays, dans les mangroves. (photo d'illustration). (JASON EDWARDS / GETTY IMAGES)

Le Japon parie sur ce que les scientifiques nomment désormais le "carbone bleu". Si le carbone vert désigne le CO2 capté par les végétaux terrestres lors de la photosynthèse, le carbone bleu fait référence à celui absorbé par les écosystèmes marins, notamment les algues, les plantes sous-marines et, dans certains pays, les mangroves. Selon les chercheurs, ces organismes marins, situés en général à faible profondeur près des côtes, possèdent une capacité de stockage du CO2 supérieure à celle des plantes terrestres. Et le Japon entend capitaliser sur cette efficacité naturelle pour renforcer sa politique climatique.

Dans le cadre de ses engagements environnementaux, le Japon vise la neutralité carbone d’ici 2050. Ce cap implique d’atteindre un équilibre entre les émissions de CO2 générées par les activités humaines et les quantités éliminées de l’atmosphère. Cependant, réduire fortement les émissions reste difficile pour le pays, qui dépend encore largement des centrales électriques à charbon et à gaz. Face à cet obstacle, les autorités cherchent à augmenter la part du carbone capté, notamment en mer.

Développer des prairies marines

Le ministère de l’Environnement pilote actuellement une étude en partenariat avec plusieurs entreprises, dont le groupe énergétique Eneos. L’objectif est de développer des prairies marines, aussi bien en bord de côte qu’à des profondeurs où la lumière peut encore atteindre les plantes. Les premières estimations évoquent un potentiel de capture d'un à deux millions de tonnes de CO2 par an grâce à ces végétaux marins. Un chiffre encore modeste, quand on sait que le Japon émet environ un milliard de tonnes de CO2 chaque année.

En parallèle des initiatives gouvernementales, certaines ONG et associations locales mènent déjà des actions de terrain. Des séances de plantation sont organisées sur les plages, parfois en impliquant des écoliers. Le principe est simple : enfouir dans le sable, dans des zones peu profondes, des plants de zostère, une plante aquatique parfois surnommée le varech de mer, un peu à la manière d’une rizière. Ces efforts locaux devraient bientôt être relayés par des programmes à plus grande échelle, une fois les résultats de l’étude nationale connus. Le Japon espère ainsi que les prairies sous-marines deviendront un atout stratégique dans sa transition écologique.

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