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Japon : des chercheurs se penchent sur la reproduction artificielle des anguilles

Pour la première fois dans le monde, des chercheurs d’une université japonaise viennent de réussir à créer un cycle complet de reproduction des anguilles. Cette découverte est une petite révolution pour les pays asiatiques qui raffolent de ce poisson menacé d’extinction.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les civelles, ces alvins de l'anguille sont très prisées en Asie. Photo d'illustration (OLIVIER MORIN / AFP)
Les civelles, ces alvins de l'anguille sont très prisées en Asie. Photo d'illustration (OLIVIER MORIN / AFP)

Il y a seulement 19 espèces d’anguilles dans le monde. Et presque toutes sont menacées d’extinction, que ce soit en Europe ou en Asie. Cette disparition a poussé les pays à mettre en place des quotas de pêche et des interdictions d’exportation. Et ces restrictions ont appâté les mafias. Elles trafiquent les alevins d’anguilles, qu’on appelle les civelles ou les pibales.

Les mafias les pêchent ou les achètent illégalement sur la côte Atlantique en Europe, notamment dans le sud-ouest de la France. Elles aménagent ensuite des coffres de grosses berlines avec des aquariums improvisés et elles font du Go Fast, exactement comme pour le trafic de drogue. C’est-à-dire qu’elles foncent sur les autoroutes d’Europe pour échapper à la police et se rendre dans des petits aéroports peu surveillés où elles vont pouvoir envoyer leurs petites anguilles vivantes vers l’Asie. Car dans la région, ces bébés anguilles se négocient maintenant à 20 000 euros le kilo.

Les Japonais consomment 40% des anguilles

Les Chinois, les Coréens mais surtout les Japonais en sont très friands. Le Japon mange ainsi plus de 40% des anguilles de la planète et il n’en trouve presque plus sur ses côtes. C’est pour cette raison que les scientifiques japonais planchent depuis longtemps sur les secrets de la reproduction des anguilles. Ils veulent arriver à élever ces anguilles sur l’ensemble du cycle de leur vie. Pour l’instant, les fermes d’Asie élèvent les civelles jusqu’à ce qu’elles deviennent adultes et consommables mais elles ne savent pas comment les faire se reproduire. Dans la nature, c’est un phénomène très mystérieux qui se passe dans des lieux très précis au fond de l’océan Pacifique.

Et donc, pour la première fois, les chercheurs de l’université de Kindai à Osaka ont réussi à faire naître, par insémination artificielle, des alevins d’anguilles en captivité et à ensuite les faire grandir jusqu’à l’âge adulte. C’est le résultat de décennies d’essais et de recherche, en partie subventionnées par l’État. Le nouvel objectif de l’université de Kindai : passer de la reproduction en laboratoire à la reproduction de masse dans des élevages. C’est un nouveau défi et les scientifiques japonais pensent que ce changement d’échelle va encore nécessiter au moins une dizaine d’années de recherche.

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