Intelligence artificielle : une start-up basée à Singapour propose des lunettes capables de tout enregistrer... même à votre insu

Le nouveau venu dans la famille des lunettes intelligentes s’appelle Halo et la principale différence avec la concurrence : elles enregistrent tout, tout le temps.

Article rédigé par franceinfo, Loïc Pialat, Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les lunettes Halo dotées de l'intelligence artificielle et capable de vous assister à tout moment, enregistrent tout, tout le temps. (Brilliant Labs)
Les lunettes Halo dotées de l'intelligence artificielle et capable de vous assister à tout moment, enregistrent tout, tout le temps. (Brilliant Labs)

Les deux hommes derrière les lunettes Halo prétendent qu’ils fabriquent "Jarvis" pour vos lunettes, l’intelligence artificielle qui accompagne Iron Man dans le film de super-héros de Marvel. "Notre but, c’est de faire des lunettes qui vous rendent super intelligents dès que vous les portez", expliquent-ils au site Techcrunch. Elles vous donnent une "mémoire infinie", promettent-ils. Une autre de leur formule, bien que moins enthousiasmante, est que "vous n’aurez plus besoin de vous servir de votre cerveau."

Dans une démonstration vidéo, aidée par quelques effets spéciaux tout de même, la vision à travers ces lunettes évoque légèrement celle du film Terminator qui voit des informations apparaître sur chaque personne ou objet qu’il regarde. L’IA d’Halo écoute tout ce qui se dit dans les environs, mais n'est pas encore équipée de caméras pour l’instant. Elle comprend 60 langues différentes et donne d’elle-même des éléments de conversation sur le sujet évoqué. Les lunettes sont connectées au téléphone portable et le prix de vente annoncé est de 249 dollars pour une sortie aux États-Unis dans quelques semaines.

Un scandale, un buzz et une technologie inquiétante

AnhPhu Nguyen et Caine Ardayfio sont tous les deux des anciens élèves de la prestigieuse université d’Harvard. Ils ne sont toutefois pas allés au bout de leur cursus comme d’autres fondateurs de start-up, à l'image de Mark Zuckerberg. À l’instar de ce dernier avec sa préversion de Facebook, une sorte de mini-scandale leur a permis de se faire un nom : ils ont reconfiguré les lunettes intelligentes de Meta pour qu’elles identifient en quelques secondes les personnes dans la rue affichant leur nom, leur adresse, leur emploi, en s’appuyant sur la reconnaissance faciale, sans leur consentement. La vidéo de leur démonstration ayant fait le buzz, ils ont décidé de quitter Harvard et de lancer Halo. Depuis, ils ont levé un million de dollars pour leur projet.

Les lunettes ne sont équipées d'aucune lumière ou d’indicateur permettant de signaler qu’elles sont en train d’enregistrer. Par ailleurs, dans plusieurs États américains, il est illégal d’enregistrer quelqu’un sans son autorisation. Electronic Frontier Foundation, une association de défense de la vie privée en ligne, dénonce la normalisation d’appareils de ce genre. Cette technologie soulève une autre question, celle du stockage des données enregistrées. Les deux jeunes entrepreneurs suggèrent de ne pas s’inquiéter outre mesure. Leur start-up diffère, selon eux, d’un géant comme Meta qui n’a pas une bonne réputation en matière de protection de la vie privée. Pour les deux fondateurs, c’est à l’utilisateur d’Halo lui-même, et non à eux, de s’assurer qu’il respecte la loi et la vie privée des autres en mettant les lunettes.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.