Aux États-Unis, les écoles publiques de Beverly Hills ne pourront pas afficher de drapeau israélien

La décision d’installer des drapeaux israéliens dans les écoles publiques en mai prochain, pour soutenir la communauté juive face à la montée de l’antisémitisme, a été annulée moins de 48 heures après son adoption. Le superintendant du district scolaire a invoqué des raisons de sécurité.

Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
A Beverly Hills, seuls les drapeaux américain et californien seront finalement hissés à l’entrée des écoles. (MYUNG J. CHUN / LOS ANGELES TIMES)
A Beverly Hills, seuls les drapeaux américain et californien seront finalement hissés à l’entrée des écoles. (MYUNG J. CHUN / LOS ANGELES TIMES)

Beverly Hills, célèbre ville du comté de Los Angeles, a envisagé d’installer des drapeaux israéliens dans toutes ses écoles publiques en soutien à la communauté juive, très importante dans la ville, face à la recrudescence d’actes antisémites aux États-Unis. La décision, d’abord adoptée, a finalement été rejetée.

Ces drapeaux israéliens n’auraient été installés qu’en mai 2026, pour le mois de l’héritage juif-américain. Il est très courant, aux États-Unis, de célébrer ses communautés : l’histoire des Noirs en février, l’héritage caribéen-américain en juin, le patrimoine hispanique en septembre, par exemple. À Beverly Hills, on estime que 70% des 35 000 habitants sont de religion juive. Au printemps 2024, 1 400 drapeaux israéliens — mais pas seulement — avaient été plantés dans la ville en hommage aux victimes du 7-Octobre. Dans le pays, l’antisémitisme est en hausse. Quelque 1 938 crimes haineux ciblant la communauté juive ont été recensés en 2024 par le FBI, soit 6% de plus qu’en 2023. L’organisation Anti-Defamation League a, elle, rapporté 9 354 incidents, un record depuis 1979. D’où la volonté du conseil en charge de l’éducation à Beverly Hills d’envoyer un message avec ces drapeaux.

Cette décision a fait débat, ce qui, d'ailleurs, a étonné le maire adjoint de Beverly Hills. Cela n’aurait pas dû être le cas, selon lui, dans une communauté dont la majorité des membres est juive. Il n’était pas seulement question de drapeaux dans le texte. L’une des élues, qui a voté en faveur de la résolution, rappelle que celle-ci engage "à éduquer la communauté sur l’histoire juive, à rappeler les tragédies que le peuple juif a traversées et à se dresser publiquement contre la sombre augmentation de l’antisémitisme", dit-elle. Un autre y voit surtout une façon de dire aux élèves de religion juive qu’ils sont soutenus.

Les partisans du non, eux, ne comprennent pas pourquoi le drapeau d’un autre pays devrait s’afficher dans des écoles financées par le contribuable. Ils soulèvent également une question sécuritaire : est-ce que ce n’est pas faire des écoles, des enseignants et des élèves une cible ? Les habitants pouvaient s’exprimer pendant le débat, et l’un d’entre eux estimait que le texte de la résolution éliminait la distinction entre critique d’Israël et antisémitisme. Le CAIR, le Conseil sur les relations américano-islamiques, a fait part de son opposition. L’organisation considère qu’en exposant le drapeau israélien, la résolution mélange la foi et l’identité juives avec l’action — condamnable à ses yeux — d’un gouvernement étranger.

La résolution a été dans un premier temps adoptée avant d’être rejetée. Le conseil en charge de l’éducation compte cinq membres, tous élus par les habitants. La résolution a été adoptée à trois voix contre deux fin août. Le district scolaire est également supervisé par un superintendant, qui dispose d’une sorte de droit de veto. Moins de 48 heures après le vote, il a annulé la décision, mettant en avant la sécurité des élèves, sachant que le débat avait généré une attention médiatique mondiale. Le superintendant a également clarifié que seuls le drapeau américain et le drapeau californien flotteraient à l’entrée des écoles. Si le drapeau israélien avait été affiché, cela aurait été à l’intérieur des établissements.

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