Au Japon, des agences font appel à des spécialistes du paranormal pour "assainir" des habitations qui ont connu un drame

Pour faire face aux difficultés de se loger, certains habitants se tournent vers des logements moins cher qui ont connu un suicide ou un meurtre.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Tokyo de nuit, photo d'illustration prise le 22 février 2025. (RICHARD A. BROOKS / AFP)
Tokyo de nuit, photo d'illustration prise le 22 février 2025. (RICHARD A. BROOKS / AFP)

Au Japon, les “jiko bukken” ou “propriétés malchanceuses”, sont des logements ayant récemment connu un drame. Il peut s'agir d'un suicide d'un meurtre ou de plus en plus fréquemment du décès d’une personne vivant seule, dont le corps a été découvert tardivement. Il s'agit d'un véritable problème au pays du soleil levant, notamment en raison du vieillissement de la population et du déclin démographique.

De plus en plus de personnes vivent isolées, sans lien familial, si bien qu'il faut parfois compter des jours, des semaines, voire des mois avant que l’on ne découvre leurs corps. En 2024, la police a recensé près de 22 000 cas de morts isolées, découverts plus d’une semaine après la date supposée du décès. Ces logements entrent alors dans la catégorie des "maisons malheureuses". Aujourd'hui, il existe un réel marché pour ces biens dont le prix chute drastiquement. Par exemple, une maison où un suicide a eu lieu peut valoir 20% moins cher et jusqu'à 80% lorsqu'il y a eu un meurtre.

Briser la malédiction

La loi prévoit que les agences immobilières sont dans l'obligation de signaler aux clients tout passé dramatique. Elles doivent ainsi mentionner les morts violentes ou isolées, mais elles doivent également informer si le logement présente un autre “défaut psychologique”, terme utilisé dans les textes officiels. Une maison est considérée comme défaillante si, par exemple, elle a abrité dans le passé une secte interdite ou des membres d’un gang de yakuzas. Cependant, le gouvernement estime qu’après trois années, les agences immobilières n’ont plus l'obligation d’être aussi transparentes.

Néanmoins, les agences tentent malgré tout de purger ces "malédictions" qui hantent ces propriétés afin de répondre à la demande toujours plus importante. Elles engagent, par exemple, des moines bouddhistes pour effectuer des séances de prières, censées apaiser l’âme des personnes décédées de manière dramatique dans le logement. Un autre recours est de solliciter les services d'un chasseur de fantômes. Ce spécialiste du paranormal vient passer la nuit dans la maison "malchanceuse", équipé de caméras vidéo, d'une caméra thermique ou encore d'un détecteur de champ électromagnétique. Il veille jusqu’à l’aube et s’il ne détecte rien d'anormal, il émet un certificat de “garantie sans fantôme”, supposé rassurer les prochains propriétaires.

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