Luz doublement primé à Angoulême

BD, bande dessinée Jean-Christophe Ogier Le dimanche à 8h51, 11h51, 14h51

Le 52e festival international de la bande dessinée d’Angoulême a remis ses trophées, les fameux fauves. Le fauve d'Or du meilleur album récompense "Deux Filles nues", de Luz, aux éditions Albin Michel. Trois jours auparavant, le dessinateur avait déjà reçu le Grand Prix de la critique.

Jean-Christophe Ogier

Radio France

Publié le 02/02/2025 07:30

Temps de lecture : 2min

Trois jours avant le fauve d'Or, Luz recevait le grand prix de la critique ACBD. (LUZ, ALBIN MICHEL / PHOTO JC OGIER, RADIOFRANCE)

Luz est monté recevoir son fauve d'or encore tout ému d’avoir déjà reçu pour Deux Filles nues le Grand Prix de la critique ACBD remis par les journalistes spécialisés en bandes dessinées. Une double consécration pour une formidable BD au dispositif narratif inédit.

Regarder l'histoire en face

Nous sommes, nous lecteurs, mis à la place d’un tableau, un vrai tableau, qui a pour titre Deux filles nues, peint par l’Allemand Otto Mueller en 1919. La toile sera admirée, achetée, puis spoliée, volée à la famille juive qui l'avait acquise, avant de rejoindre la cohorte des œuvres d'art moderne que les nazis considéraient comme de l'art dégénéré. Contrairement à beaucoup de toiles, celle-ci ne sera pas détruite. On peut la voir au Museum Ludwig de Cologne.

"En prenant la place de la toile le lecteur est obligé de regarder l’histoire en face, sans ciller, sans fermer les yeux, comme nous sommes aujourd’hui obligés de le faire."
Luz,
à franceinfo

Luz dit encore "avoir pensé faire une livre sur la résilience, avant de constater, amer, que c’était un livre sur la sidération". Ancien dessinateur de Charlie Hebdo, Luz s’est vraiment mis à la bande dessinée il y a dix ans, après la tuerie qui a coûté la vie à ses camarades. Ici, l’histoire est celle de la montée du nazisme, de la spoliation des Juifs, de l’horreur de la Shoah.

Deux Filles nues, de Luz, aux éditions Albin Michel, fauve d’or du 52^e festival d’Angoulême.

Deux prix spéciaux du jury

Pour le reste, les débats ont dû être âpres pendant les délibérations, puisqu’au palmarès, on trouve deux prix spéciaux du jury : Les Météores, de Jean-Christophe Deveney et Tommy Redolfi aux éditions Delcourt – une délicate histoire de science-fiction mélancolique dans une Amérique profondément désenchantée –, ex aequo avec En territoire ennemi, de Carole Lobel, à l’Association. L’autrice a pris un pseudonyme et le soin de préciser en première page que ce livre est une œuvre de fiction pour raconter l’emprise qu’un ancien compagnon aurait eue sur elle pendant des années.

Nous conseillerons encore le fauve polar remis à Revoir Comanche de Romain Renard, aux éditions du Lombard, le prix du public qui récompense Alix Garin pour Impénétrable, aux éditions du Lombard également et le fauve des lycéens, lesquels ont beaucoup aimé Contes de la mansarde, d’Elisabeth Holleville et Iris Pouy à l’Employé du moi.

Le palmarès complet du 52e festival d'Angoulême