Sur les trois premiers mois de l'année, 280 faits antisémites ont été enregistrés, annonce le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+

Mathias Ott était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 8 juin 2025.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Mathias Ott, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+, était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 8 juin 2025. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
Mathias Ott, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+, était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 8 juin 2025. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

"Au premier trimestre 2025, on a enregistré 280 faits antisémites, c’est extrêmement élevé", indique Mathias Ott, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+, invité du "8h30 franceinfo", dimanche 8 juin 2025. "Il y a eu 1 670 actes antisémites enregistrés par les forces de l’ordre en 2023, 1 570 en 2024. On est sur un plateau extrêmement élevé", précise-t-il.   


 
Il y a "une explosion des propos haineux, avec une prégnance très importante des actes antisémites. Aujourd’hui, les actes antisémites représentent deux tiers des actes antireligieux dans notre pays. Et je veux avoir une pensée évidemment pour le rabbin Elie Lemmel qui a été violemment agressé [ce vendredi à Neuilly-sur-Seine]" , ajoute Mathias Ott.  

"Cela s’inscrit dans un contexte plus large de désinhibition, de banalisation de la parole raciste et antisémite."

Mathias Ott

à franceinfo

"L’an dernier, 16 000 infractions à caractère raciste, xénophobe et antireligieux ont été enregistrées dans notre pays, soit une augmentation de 11%. Et on a plus de 45% d’augmentation de signalements sur la plateforme Pharos [la plateforme française de signalement de contenus illicites]", poursuit le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+.


 
Pour expliquer cette libération de la parole raciste, Mathias Ott identifie deux facteurs : "L’extrême-droite joue un rôle depuis les années 1980 en alimentant d’une certaine manière cette désinhibition. Le deuxième facteur, qui est très important, c’est le développement des réseaux sociaux avec ce sentiment d’impunité, ce pseudo anonymat qui fait qu’on a le sentiment de pouvoir dire tout et n’importe quoi. Il faut rappeler que le racisme n’est pas une opinion, mais un délit".

Une affiche de la marche des fiertés "contraire aux valeurs que nous souhaitons porter"

Cette affiche "m’a choqué", réagit Mathias Ott, alors que des critiques de la part, notamment d’élus de droite et d’extrême droite, ont émergé sur l’affiche de la marche des fiertés 2025. L'évènement doit se dérouler le 28 juin à Paris. On y voit par exemple un homme au sol, qui semble avoir été mis KO, une croix celtique tatouée dans le cou, symbole des groupuscules d’extrême droite. Cette illustration "est sidérante", regrette Mathias Ott. "Elle est contraire à tous les messages et toutes les valeurs que nous souhaitons porter à travers les marches des fiertés organisées dans le pays, et contraire aux valeurs incarnées par la défense des droits des personnes LGBT+. Ce sont des valeurs de fraternité, d’égalité, d’amitié et pas du tout des valeurs qui peuvent inciter à la violence", souligne-t-il. 


De son côté, Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de la Lutte contre les discriminations a demandé à ce que le logo de la Dilcrah soit retiré de cette affiche. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, avait déjà dénoncé cette semaine une incitation "à la violence", demandant le "retrait" du logo de la région sur l’affiche et le retrait de sa subvention à la marche. "Femme voilée, soutien à la Palestine alors que les homos, bis et trans y sont massacrés… voilà les marqueurs d’extrémistes", a aussi dénoncé Sébastien Chenu, vice-président du RN face à ce visuel sur lequel on voit notamment une femme portant le voile, et une autre arborant un pin's à l'effigie du drapeau palestinien. Ces accusations sont rejetées par l’InterLGBT qui dénonce des "contresens grossiers".  
 
"Je distingue l’affiche et la marche, tous ceux qui vont le 28 juin prochain marcher massivement dans les rues de Paris pour défendre les droits des personnes LGBTQIA+. C’est là l’essentiel, plus que cette affiche qui finalement n’est pas à la hauteur des enjeux. Parlons de la marche des fiertés, parlons de celle de Budapest qui est malheureusement interdite par Viktor Orban [marche prévue le 28 juin]", estime le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.  

Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du dimanche 8 juin 2025 :

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