Réchauffement climatique : "Il faut avoir plus d'ambition", alerte un auteur du dernier rapport du GIEC qui demande de ne "pas revenir sur le cadre actuel qui a été fixé"

Le climatologue Christophe Cassou et le maire de Bures-sur-Yvette Jean-François Vigier étaient les invités du "8h30 francenfo", vendredi 20 juin 2025.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Christophe Cassou et Jean-François Vigier, invités du 8.30 franceinfo du vendredi 20 juin 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Christophe Cassou et Jean-François Vigier, invités du 8.30 franceinfo du vendredi 20 juin 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Alors qu'une partie de la France est placée en vigilance orange canicule, Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS et auteur principal du dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) estime vendredi 20 juin sur franceinfo que le "+ 2 °C [en 2050] reste atteignable, mais il faut dès maintenant s'engager dans des mesures d'atténuation qui sont extrêmement importantes et rapides". "Il faut avoir plus d'ambition", alerte le climatologue qui demande de ne "pas revenir sur le cadre actuel qui a été fixé". 

 
Pour Christophe Cassou, "on a besoin de courage. Certains élus en ont, d'autres n'en ont pas. Il faut renoncer à des projets qu'on avait imaginé il y a 30 ans". "Le niveau de responsabilité, c'est quand on regarde les émissions de gaz à effets de serre. (...) Si on classe en termes de revenus, les 10% les plus riches en France émettent trois fois plus de gaz à effet de serre que les 10% les plus pauvres. Et les 10% les plus pauvres n'ont pas cette capacité d'action. On utilise cette généralité [une lutte globale contre le réchauffement climatique] pour cliver. C'est une stratégie politique, et cette stratégie est suicidaire", estime le climatologue. 

Un investissement insuffisant


 
De son côté, Jean-François Vigier, maire de Bures-sur-Yvette (Essonne), et vice-président de l'AMF (Association des maires de France), également invité de franceinfo vendredi 20 juin, répond qu'il faut donner plus de moyens aux communes et aux collectivités locales "pour faire des travaux d'atténuation". L'un des problèmes selon lui, est "l'endettement qui est limité", d'autant que les ressources fiscales des collectivités "fondent comme neige au soleil". "Sans ressources fiscales, il est difficile de mettre en œuvre des investissements lourds qui doivent être réalisés en cinq, six ou sept ans", avertit-il. Dans sa commune, il pointe du doigt un "budget d'investissement qui est contraint. Il faut à la fois faire la transition [écologique], mais aussi s'occuper de l'entretien normal des équipements publics d'une ville."

 
Jean-François Vigier pointe du doigt un autre problème pour appliquer les décisions afin de limiter le réchauffement climatique : "Le problème de la verticalité" des décisions politiques. Il prend l'exemple de la loi "zéro artificialisation nette (...) : ça préserve la biodiversité dans nos communes. L'AMF soutient totalement cette loi et évidemment, dans nos territoires, on veut la mettre en œuvre. Le problème, c'est que la mise en œuvre de cette loi a été confiée, non pas au bloc communal mais aux régions. C'est pour ça que ça bloque."

Des reculs inquiétants

Ces dernières semaines en France ont été marquées par la suppression des ZFE (zones à faible émission) par les députés, les reculs sur la loi ZAN (zéro artificialisation nette), le projet de réintroduction d’un insecticide de la famille des néonicotinoïdes et la suspension de MaPrimeRénov’par le gouvernement. La France métropolitaine s'est déjà réchauffée d'au moins 1,7°C par rapport à l'ère préindustrielle, avant la combustion massive du charbon, du pétrole et du gaz, et les pouvoirs publics se préparent à un réchauffement de 4°C d'ici la fin du siècle.

Retrouvez l'interview en intégralité :

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.