Réforme des retraites : "C’est une immense victoire pour le mouvement social", affirme Philippe Brun, député PS de l’Eure
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Philippe Brun, député PS de l’Eure, était l’invité politique de franceinfo mercredi 15 octobre pour revenir sur la suspension de la réforme des retraites et les enjeux du budget, au micro d’Alix Bouilhaguet.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Alix Bouilhaguet : Vous avez, j’imagine, écouté attentivement la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu. Le Premier ministre vous a tout de même beaucoup concédé. Je vous ai vu applaudir, même sur les bancs de l’Assemblée nationale. Peut-on en conclure qu’il n’y aura pas de motion de censure déposée par les socialistes demain ?
Philippe Brun : Attention à ne pas confondre. Nous avons applaudi au moment précis où Sébastien Lecornu a annoncé la suspension de la réforme des retraites, et c’est bien normal : c’est une immense victoire pour le mouvement social. C’est même la première depuis le CPE en 2006. À l’époque déjà, la rue avait obtenu le retrait d’une réforme injuste. Nous avons réussi à le faire à nouveau.
Alix Bouilhaguet : Donc, pas de censure le 16 octobre ?
Philippe Brun : Non, pas de censure. Nous avons obtenu deux avancées majeures : d’abord la suspension de la réforme des retraites ce qui, dans les faits, équivaut à une abrogation. Si nous remportons l’élection de 2027, nous la supprimerons définitivement. Ensuite, nous avons obtenu la fin du recours au 49.3 pour le budget, ce qui va redonner à l’Assemblée nationale toute sa place dans le débat démocratique.
Alix Bouilhaguet : Est-ce que tout le groupe socialiste va suivre cette ligne ? Vous êtes 69 députés : il faudrait une vingtaine de frondeurs pour faire tomber le gouvernement. Êtes-vous certain de la discipline de vos troupes ?
Philippe Brun : Oui, je le crois. Il existe une véritable discipline de groupe au Parti socialiste. Et puis, quelle victoire pour nous ! Obtenir la suspension d’une réforme aussi injuste, c’est considérable. Je ne vois pas comment les socialistes pourraient ne pas suivre une décision prise très majoritairement.
Alix Bouilhaguet : Dans un communiqué, Bruno Retailleau affirme que "la gauche n’est pas au gouvernement, mais qu’elle le dirige". Êtes-vous toujours dans l’opposition ce matin ?
Philippe Brun : Bien sûr que nous restons dans l’opposition. Nous sommes dans l’opposition à Sébastien Lecornu, à Emmanuel Macron en particulier. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir remporté certaines victoires. Il faut désormais les concrétiser dans l’hémicycle. Le débat en commission des finances débute dimanche : nous défendrons nos propositions sur la taxation des plus riches et sur le pouvoir d’achat notamment une baisse importante de la CSG pour les personnes gagnant moins de 2 200 euros par mois, afin de rapprocher le salaire net du salaire brut. Il faudra obtenir cela dans l’hémicycle.
Alix Bouilhaguet : Sans le 49.3, auquel Sébastien Lecornu a renoncé, le budget devient en quelque sorte une coproduction entre le gouvernement et le Parlement. C’est du jamais vu depuis 1958. Le 14 octobre, Boris Vallaud, président du groupe socialiste, a pourtant parlé d’un pari risqué. Qu’est-ce qui vous inquiète précisément ?
Philippe Brun : Le risque, c’est que cela ne dure pas et que Sébastien Lecornu finisse par céder à sa droite. Le risque, c’est aussi que le Parlement se transforme en foire et qu’au final, nous n’obtenions pas ce que nous demandons. Nous devons être extrêmement sérieux dans la préparation de ce débat. Les socialistes s’y attellent activement. Nous voulons des victoires concrètes : la taxe Zucman sur les plus riches, nos mesures sur le pouvoir d’achat, la protection des services publics. Et parallèlement, il faudra retirer les mesures les plus injustes du budget présenté par Sébastien Lecornu. Ce sera un combat de tous les instants, jour et nuit, à l’Assemblée nationale.
Alix Bouilhaguet : Le Premier ministre a donc annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’à la présidentielle : aucun relèvement de l’âge avant janvier 2028, et une durée de cotisation bloquée à 170 trimestres. Les Insoumis estiment qu’il ne s’agit que d’une simple temporisation. Ils ne parlent pas de victoire.
Philippe Brun : Ils ne veulent pas la reconnaître, en réalité. C’est une posture politicienne, que même les syndicats ne partagent pas. Le syndicat Sud, par exemple qui ne peut pas être qualifié de réformiste parle d’une immense victoire du mouvement social. La CFDT elle-même reconnaît cette avancée. Il faut savoir apprécier les victoires quand elles se présentent. D’ailleurs, un sondage publié ce matin montre que près de 70 % des Français se disent satisfaits de cette suspension, et qu’une large majorité considère qu’il ne faut pas censurer le gouvernement compte tenu des concessions obtenues. Nous sommes en phase avec ce que pensent les Français qui travaillent.
Alix Bouilhaguet : Cette suspension inclut le gel de l’évolution de la durée de cotisation, une mesure pourtant issue de la réforme Touraine de 2014, votée sous un gouvernement socialiste. D’une certaine manière, n’est-ce pas une forme de reniement ?
Philippe Brun : Non, car la réforme Touraine prévoyait un calendrier progressif. La réforme Borne, elle, en accélérait brutalement le rythme. Nous suspendons donc l’accélération, pas la réforme Touraine.
Alix Bouilhaguet : Tout de même, le fait que la durée de cotisation soit gelée signifie que la progression s’interrompt.
Philippe Brun : Non, la réforme Touraine suit son cours normal : seule l’accélération imposée par la réforme Borne est stoppée. Et c’est une excellente nouvelle. Cette réforme n’était ni juste ni financée. Il faudra de toute façon repenser le système des retraites. Si nous arrivons au pouvoir en 2027, nous mettrons en place une réforme juste et soutenable, qui permettra à ceux qui ont commencé à travailler tôt ou exercent des métiers pénibles de partir plus tôt, tout en garantissant la pérennité du système. Nous en sommes encore loin aujourd’hui, mais c’est notre objectif.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
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