Vidéo "Quand je me suis fait arrêter, je partais au travail" : la peur des expulsions a gagné des millions d'émigrés illégaux aux Etats-Unis

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Article rédigé par France 2
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Alors que la politique migratoire de Donald Trump provoque des émeutes à Los Angeles, en Californie, "Envoyé spécial" a suivi des retours forcés au Guatemala. Ce pays, qui vit sous perfusion grâce aux devises envoyées des Etats-Unis, voit revenir des dizaines de milliers d'expulsés.

Aux Etats-Unis, la peur a gagné la communauté guatémaltèque. Une diaspora importante puisqu'un ressortissant sur cinq de cet Etat d'Amérique centrale y a émigré : elle représenterait plus de 4 millions de personnes, dont environ 700 000 sans-papiers. Tous ont en tête des images d'arrestations violentes, filmées et diffusées par les autorités américaines. Donald Trump, qui s'était engagé durant sa campagne à chasser du pays "des millions" d'immigrés illégaux, a mis une partie de ses menaces à exécution. Pour accélérer la politique anti-migratoire initiée par ses prédécesseurs démocrates, plus de 15 000 Guatémaltèques ont déjà été expulsés depuis son investiture.

Et ce ne sont pas forcément des criminels en priorité, comme promis par Donald Trump, qui sont cueillis par la police à leur travail ou à leur domicile : la plupart n'ont pas de casier judiciaire. C'est le cas de José, un diplômé en informatique de 32 ans qui ne trouvait pas de travail au Guatemala. Aux Etats-Unis, il était maçon. Dans le comté texan où il vivait avec femme et enfant, "la police est partout", et il a eu la malchance de se trouver "au mauvais endroit au mauvais moment".

Jusqu'à 800 retours forcés par jour

José fait partie des 135 passagers – hommes (en majorité), femmes, familles avec jeunes enfants – d'un vol en provenance du Texas. Chargé d'absorber cette vague massive d'expulsions, le centre de l'Institut guatémaltèque de la migration gère jusqu'à cinq vols et 800 retours forcés par jour. Ses agents aident les arrivants, dont les téléphones portables ont été confisqués lors de leur arrestation, à contacter leurs familles. José va retrouver sa mère, qu'il n'avait pas revue depuis son exil, mais sa femme et son petit garçon de 7 ans sont restés aux Etats-Unis, à 4 000 kilomètres de lui...

Le Guatemala voit donc revenir des dizaines de milliers d'expulsés. Le gouvernement aurait préféré garder ses ressortissants sur son territoire, mais avec une économie exsangue, il est impuissant face aux départs. Presque toutes les familles guatémaltèques comptent sur l'argent que leur fait parvenir un de leurs membres en exil. Les devises envoyées par la diaspora des Etats-Unis se montent à 21 milliards de dollars par an, soit un cinquième du PIB.

Extrait de "Migrants expulsés, la fin du rêve américain", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 12 juin 2025.

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