: Vidéo Pour son "host", elle a "perdu toutes ses économies" et s'est même prostituée : au Japon, les "hommes de compagnie" font des ravages
Au cœur des nuits tokyoïtes, une étonnante industrie bat son plein : les "bars à hosts", des établissements réservés aux femmes qui proposent les services de dons Juans professionnels pour des soirées romantiques... parfois très cher payées. Dans cet extrait d'"Envoyé spécial", voici un autre visage du Japon.
Kabukichō, au centre de Tokyo. Un quartier "chaud" avec sa vie nocturne trépidante, et une particularité : ici, la clientèle exclusivement féminine n'a que l'embarras du choix. A chaque coin de rue, des rabatteurs dirigent les filles, parfois à peine sorties de l'adolescence, vers des bars un peu spéciaux. Contre des flots de champagne hors de prix, elles peuvent s'y offrir la compagnie de jeunes hommes dans un cadre glamour. Si le rabattage des clientes est interdit, ces "hosts clubs" sont, eux, parfaitement légaux.
La capitale japonaise compte 300 "bars à hosts", le pays un millier. Ils encaissent des millions d'euros par mois grâce à quelque 6 000 "hommes de compagnie", un "métier" très prisé sur l'archipel. Physique attrayant, look androgyne, les plus recherchés s'affichent sur des panneaux géants en façade des bars. Il ne s'agit pas de prostitution : les clientes cherchent seulement à passer une soirée romantique… Mais pour celles qui deviennent accros à ces champions de la drague, l'addition se révèle parfois encore plus salée que les sommes faramineuses dépensées.
Une industrie de la romance basée sur l'argent et le mensonge
C'est dans l'un de ces bars que la vie d'Oki a basculé. Née dans le sud du Japon, cette quadragénaire est arrivée à Tokyo à 20 ans. Après sa journée de travail dans une agence immobilière, elle sortait se distraire à Kabukichō. Elle raconte son histoire dans cet extrait d'"Envoyé spécial".
"Ici, j'ai rencontré un 'host' qui me plaisait beaucoup. Il avait un visage très distingué. J'ai commencé à retourner de plus en plus souvent au bar. J'y allais quatre fois par semaine. Je voulais qu'il devienne mon petit copain, mais il refusait. Alors j'ai continué à venir, avec ce sentiment de tristesse. J'ai fait ça pendant six mois, et j'ai perdu toutes mes économies."
Plusieurs années d'addiction et quelques "hosts" plus tard, Oki a accumulé 400 000 euros de dettes. Un jour, son Roméo de l'époque lui tend "un bout de papier, avec le nom d'un établissement et un numéro de téléphone". Oki découvre "une maison de prostitution très spéciale", où elle "commence à travailler le jour même", désireuse de "faire quelque chose" pour celui qu'elle "aimait".
Oki s'est prostituée pendant un an, mais cela n'a pas suffi à éponger toutes ses dettes. Aujourd'hui, elle a pris ses distances avec cette industrie de la romance basée sur l'argent et le mensonge.
Les autorités réagissent
Le phénomène des "hosts" passe pour une sorte de revanche des Japonaises modernes, dont 40% n'envisagent pas de se marier. Elles sont indépendantes, parfois riches, et veulent choisir leur mode de relation amoureuse. Loin de l'image de docilité traditionnelle des femmes japonaises, dans les bars à hosts, elles se sentent choyées par des hommes aux petits soins pour elles.
En réalité, ces professionnels de la séduction tirent profit de la solitude de leurs victimes – un véritable problème de société au Japon, où plus d'un jeune adulte sur quatre n'a jamais vécu de relation amoureuse. Certains de ces nouveaux casanovas sont prêts à tout pour s'enrichir, sans pitié pour leurs clientes qui se ruinent et vont parfois jusqu'à se prostituer pour eux.
Face aux plaintes à répétition, les autorités japonaises commencent enfin à réagir. En 2024, des raids ont été lancés sur des centaines de bars, et une loi devrait être votée pour encadrer ce secteur controversé. Elle vise à rendre illégale la pratique du paiement différé, un piège qui permet aux clientes de consommer à crédit, quitte à s'endetter pour des années. Quant aux "hosts" et propriétaires de bar qui encouragent leurs clientes à se prostituer, ils pourraient se voir condamnés à des peines de prison ferme.
Extrait de "Japon : le business des dons Juans", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 22 mai 2025.
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