: Vidéo "Ni couple, ni sexe, ni mariage, ni enfants" : le mouvement 4B, né de la colère des Sud-Coréennes contre une société restée "très patriarcale"
Dans une Corée du Sud en panne de bébés, elles refusent catégoriquement d'en faire. Tout comme elles rejettent le mariage hétérosexuel et les relations sexuelles avec des hommes. Le mouvement 4B, un courant féministe radical, est né en réaction au sexisme de la société sud-coréenne, explique une militante dans cet extrait d'"Envoyé spécial".
C'est le pays au monde qui fait le moins d’enfants (0,75 par femme, bien loin du seuil de renouvellement des générations), et les jeunes Coréens sont 40% à dire qu'ils n'en veulent pas. Cette alarmante chute des naissances soulève des questions cruciales sur l'avenir économique, social et culturel du pays. Face à cette situation, l'Etat a investi l'équivalent de milliards d'euros (193 entre 2006 et 2021) pour tenter d'enrayer l'effondrement de la natalité. Craignant de manquer un jour de main-d'œuvre, une entreprise a même décidé de verser une prime de quelque 60 000 euros à tout salarié qui deviendrait parent – une mesure qui n'a pas suffi à inverser durablement la tendance.
"Ça nous met vraiment en colère que la société pense que le problème de la dénatalité peut se régler simplement en donnant de l'argent aux femmes, réagit Jeong Yeong-eun, une militante féministe, dans cet extrait d'"Envoyé spécial". Nos gouvernants ne comprennent rien. Ils ont eu des idées hallucinantes. Par exemple, à un moment, ils voulaient faire des formations pour les femmes en âge de procréer. Ils ont aussi voulu publier des graphiques qui comptabilisaient, région par région, le nombre de femmes fertiles. Ça a déclenché un tollé chez les femmes, et ils ont dû abandonner."
"On a vraiment l'impression que l'Etat nous considère comme des machines à faire des bébés, sans chercher à mettre en place les conditions propices pour que les femmes puissent avoir et élever des enfants."
Jeong Yeong-eun, une militante féministe sud-coréenne,dans "Envoyé spécial"
Plus profondément, cette crise de la natalité s'enracine aussi dans un conflit de générations, voire une guerre des sexes. La société sud-coréenne, restée profondément conservatrice, ne comprend pas cette jeunesse qui refuse d'accomplir son "devoir reproductif" – et encore moins les revendications féministes.
"Notre société est encore très patriarcale, explique Jeong Yeong-eun. Les Coréennes subissent énormément de sexisme, d'inégalités, de violences, et personne ne nous écoute. Au contraire, quand on dénonce ce que l'on subit, on nous dit que nous sommes capricieuses, égoïstes. On entend ça très souvent. A force, ça a créé une rage qui a conduit au mouvement 4B."
"C'était comme une grève, une grève des ventres, pour nous faire entendre."
Né à la fin des années 2010, le mouvement 4B, que l'on pourrait traduire par "quatre non", est l'un des courants féministes les plus radicaux de ces dernières années. Ses principes sont drastiques : pas de couple, pas de sexe, pas de mariage, pas d'enfants. Rares sont les Coréennes qui s'en revendiquent encore publiquement, tant il a fait polémique. Mais pour le groupe féministe qu'a rencontré "Envoyé spécial", il est révélateur du manque d'évolution des mentalités dans la société sud-coréenne. Jeong Yeong-eun a ainsi "vu toutes [s]es amies de la fac qui étaient des femmes brillantes, indépendantes, être entraînées dans une spirale infernale quand elles sont devenues mères, qui les a contraintes à abandonner leur carrière pour élever leurs enfants".
Ces militantes qui revendiquent sur leur tee-shirt la "fin des violences faites aux femmes" ("End Violence Against Women") organisent régulièrement des actions pour dénoncer celles, physiques et sexuelles, que continuent à subir une large proportion des Sud-Coréennes : une femme sur trois en est victime au moins une fois dans sa vie.
Extrait de "Corée du Sud : un pays en mal d’enfants", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 18 septembre 2025.
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