: Vidéo "Il rêvait de servir la France" : Rachid Hami a réalisé un film en mémoire de son frère Jallal, mort noyé lors d'un "bahutage" à Saint-Cyr
En 2012, Jallal Hami perdait la vie à Saint-Cyr lors d'un exercice de "transmission des traditions", autrement dit un "bahutage". De ce drame, son frère Rachid, réalisateur, a fait un film, "Pour la France", sorti le 8 février. Il raconte dans "Envoyé spécial" l'histoire de Jallal, de leur parcours à tous deux. Dans cet extrait, il revient notamment sur la décision de justice rendue huit ans après le drame.
"Deux militaires arrivent le matin à 9 heures, et là… pas de discussion, on sait ce qui s'est passé, se souvient Rachid Hami. Ils n'ont même pas besoin de parler. On les voit, on sait. Voilà, on sait que Jallal est mort. La question, c'est 'pourquoi' ?"
Jallal Hami voulait "servir la France", vivre "une vie d'aventure", rappelle son grand frère. Diplômé de Sciences-Po, ce brillant élève officier rêvait de devenir "le premier chef d'état-major algérien de l'armée française". A 24 ans, il est mort noyé dans l'eau glacée d'un étang que les jeunes recrues de l'école de Saint-Cyr Coëtquidan devaient traverser à la nage en pleine nuit – un "bahutage" (en argot saint-cyrien) organisé par des élèves de deuxième année.
"Ils n'ont pas prévu de sécurité, ils n'ont pas prévu d'ambulance, ils n'ont rien prévu du tout. Là, il y a une grande panique, énorme."
Rachid Hami, réalisateur de "Pour la France"dans "Envoyé spécial"
Le passage d'un premier groupe d'élèves tourne à la catastrophe. "Ils sortent une trentaine de mecs de l'eau, qui sont en train de se noyer, qui sont en train de se taper les uns sur les autres…" Tous demandent de mettre fin à l'exercice, mais "ils décident de les renvoyer à l'eau. Jallal est dans ce deuxième groupe…"
A l'annonce de son décès, "c'est le ciel qui nous est tombé dessus", confie leur mère, Hadjira. "Restée debout" malgré la douleur, elle s'est "battue pour le cimetière". L'armée prévoyait d'inhumer Jallal au carré musulman du cimetière de Bobigny. Il a fallu lui arracher des funérailles au Père-Lachaise, "un symbole en soi" selon Rachid Hami.
"Quand tu meurs à Saint-Cyr par la faute de tes camarades et qu'ils sont conscients d'avoir joué avec ta vie, qu'est-ce qu'on fait ?"
Rachid Hamidans "Envoyé spécial"
Une enquête pour homicide involontaire est ouverte. Le procès se tiendra au tribunal correctionnel Rennes huit longues années plus tard. Les peines prononcées à l'encontre de trois des sept prévenus sont légères : de douze à six mois de prison avec sursis. Mais "la chose la plus violente" pour Rachid Hami, c'est qu'elles ne seront pas inscrites au bulletin n°2 de leur casier judiciaire. "Quand un mec vend une barrette de shit, réagit-il, il prend un mois de prison. Il a une peine inscrite à son casier judiciaire. Pendant cinq ans, il traîne ce stigmate, pour trouver un boulot, pour se réintégrer… Et eux, leurs condamnations, elles ont disparu au moment même où elles ont été prononcées…"
"Il y a une extrême brutalité [à filmer la mort de Jallal], parce que la personne va remourir, vous allez rejouer la tragédie, mais il ne mourra pas seul. Son frère lui tiendra la main."
Arnaud Desplechin, réalisateurdans "Envoyé spécial"
Pour autant, Rachid Hami ne signe "pas un film contre l'armée, pas un pamphlet, pas une lamentation victimaire", insiste-t-il. Son ami Arnaud Desplechin raconte qu'il est souvent venu le voir "pour parler de comment il allait filmer la mort de Jallal" sans être pornographique, au sens d'indécent : "'Mon frère est mort noyé, seul'. Je lui ai dit : 'Oui, mais là, il va mourir, et toi, tu seras à côté de lui'."
Extrait de "Pour mon frère", à voir dans "Envoyé spécial" le 9 février 2023.
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