Vidéo Eau du robinet polluée : des campagnes empoisonnées par les canalisations en PVC

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min - vidéo : 3min
Article rédigé par France 2
France Télévisions

De l'eau du robinet impropre à la consommation, contaminée par le gaz toxique que rejettent des canalisations en PVC. C'est une pollution insidieuse qui concerne des dizaines de foyers dans certaines communes rurales. Quels en sont les risques pour la santé ? Explications dans cet extrait d'"Envoyé spécial" du 16 janvier 2025.

Dans les campagnes, c'est une pollution invisible qui touche des milliers de Français. Cela fait plus d'un an que dans le Loiret ou le Gers, certaines communes sont privées d'eau potable. Le problème n'a rien à voir avec des pesticides ou des rejets industriels : il est dû à des canalisations en plastique PVC vieillissantes.

Posées avant les années 1980, elles rejettent du chlorure de vinyle monomère (CVM), un gaz toxique et incolore. Les habitations isolées en bout de réseau sont les plus touchées, car le CVM s'y s'accumule et stagne dans les tuyaux, particulièrement quand il fait chaud.

Le chlorure de vinyle monomère (CVM), un "cancérigène certain"

Sur tout le territoire, ce sont des dizaines de milliers de kilomètres de tuyaux en PVC qu'il faudrait remplacer, car cette pollution représente un risque pour la santé. L'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) le juge préoccupant au-delà de 0,5 µg par litre d'eau, et surveille depuis une quinzaine d'années la présence dans l'eau de cette substance classée comme "cancérigène certain" en 1987. Sa toxicité a été mise en évidence, notamment chez les travailleurs de l'industrie plastique. Elle pourrait provoquer des cancers du foie, dont l'angiosarcome, un cancer foudroyant.

Quel lien entre l'angiosarcome du foie et l'eau du robinet contaminée au CVM ?

Entre 1990 et 2024, le nombre de cas de cancer du foie a triplé en France. Mais pour l'heure, aucune relation n'a pu être établie avec une exposition au CVM via l'eau du robinet. En 2017, l'ANSES a lancé une étude sur ce possible lien entre l'eau contaminée au CVM et l'angiosarcome du foie. Mais elle n'a pas abouti, les chercheurs ayant échoué à regrouper un nombre de cas suffisant. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'existent pas...

Si les cas cliniques ont manqué, c'est que les malades sont emportés si vite par ce cancer foudroyant qu'ils n'ont pu être repérés à temps, explique l'un des scientifiques à "Envoyé spécial". Sans compter que certains centres cliniques n'auraient pas joué le jeu : seule une petite moitié d'entre eux (12 sur 26) a participé à l'étude. L'agence gouvernementale s'en tient donc, pour le moment, au principe de précaution : ne pas dépasser 0,5 µg de CVM par litre d'eau...

Extrait de "Les tuyaux qui empoisonnent nos campagnes", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 16 janvier 2025.

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de franceinfo et son application mobile (iOS  (Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)Android(Nouvelle fenêtre) (Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)), rubrique "Magazines(Nouvelle fenêtre) (Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.