: Vidéo "Je trouve ça révoltant", témoigne l'ex-conjointe d'un policier condamné pour violences conjugales et resté en poste
Gérald Darmanin l'a promis en août 2021 : les policiers condamnés définitivement pour violences conjugales ne pourront plus être en contact avec le public. Mais que se passe-t-il entre la mise en cause et une éventuelle condamnation définitive ? "Complément d’enquête" a recueilli le témoignage d'une femme.
Quand un agent des forces de l'ordre a été condamné pour violences domestiques, est-il encore légitime pour recueillir la parole des victimes qu'il reçoit dans l'exercice de son métier ? Officiellement non : depuis l'été 2021, il ne devrait plus être en contact avec le public. C'est le sens d'une déclaration de Gérald Darmanin, qu'une circulaire est venue par la suite préciser. "Dans l'attente de la décision du conseil de discipline ou d'enquête, lorsqu'un policier ou un gendarme est condamné définitivement à une peine d'emprisonnement avec ou sans sursis pour des faits (...) de violences intrafamiliales, sa hiérarchie l'affecte immédiatement à des missions qui ne le mettent pas en contact avec le public (voie publique, accueil prise de plainte)."
Le problème, c'est que cette disposition ne cible que des agents dont la condamnation est définitive. Connaissant la longueur des procédures, un principe de précaution ne devrait-il pas s'appliquer dans l'intervalle ? Ainsi, comme l'a découvert "Complément d'enquête", un policier a pu rester en poste dans son unité de Police secours après avoir été condamné en première instance à un an de prison avec sursis pour violences conjugales.
Au moment du tournage de ce document, il travaillait de nuit et intervenait sur des situations d'urgence – il peut donc être appelé à le faire sur des violences conjugales. "Je trouve ça révoltant, illégitime", réagit son ex-conjointe.
Chez elle, où les journalistes l'ont rencontrée, elle n'arrive pas à se sentir en sécurité, malgré les films occultants installés aux fenêtres depuis que son fils affirme avoir vu son ex-conjoint rôder autour de la maison. Sur des photos qu'elle montre aux journalistes, prises selon elle après une nuit de violences, ses bras apparaissent couverts d'hématomes. "Pour lui, ce n'était même pas des violences", explique-t-elle. Elle s'alarme du risque, pour une victime de violences qui contacterait Police Secours, de voir arriver à son domicile une figure d'autorité qui pourrait lui tenir un discours culpabilisant et minimiser les faits.
Resté en poste... et en possession de son arme
Mais ce qui la terrifie le plus, c'est de savoir ce policier toujours en possession de son arme, alors qu'il l'aurait utilisée pour la menacer. "En juillet 2020, après une nuit de violences, témoigne-t-elle, il l'a sortie de son sac pour me faire comprendre qu'elle était là. [...] Ce n'est pas bénin de sortir une arme comme ça devant une personne qu'on a violentée quelques heures avant."
Pourquoi ce policier est-il resté en poste à Police Secours, armé qui plus est ? A l'été 2023, après avoir recueilli ce témoignage, "Complément d'enquête" a voulu poser la question au ministère de l'Intérieur ; le cabinet de Gérald Darmanin a invité les journalistes à patienter... Deux mois plus tard, ils apprenaient (par leurs propres moyens) que le fonctionnaire avait finalement changé d'affectation. Ils ont eu accès à un document qui confirme son déplacement "au dépôt et à la guérite", soit la garde du commissariat, et l'obligation de rendre son arme tous les soirs.
Cette mise en retrait sera donc intervenue plus de six mois après la condamnation en première instance… mais quelques semaines seulement après les sollicitations de "Complément d'enquête".
Extrait de "Violences conjugales : quand l'agresseur porte l'uniforme", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 23 novembre 2023.
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