: Vidéo Persuadée que l'accident de son fils cachait un crime d'Etat, elle n'a jamais baissé les bras : l'affaire Saint-Aubin ou la croisade d'une mère

Un secret d'Etat se cache-t-il derrière l'accident de voiture qui a coûté la vie à leur fils aîné ? Les parents de Jean-Claude Saint-Aubin, un couple de bijoutiers dijonnais, en sont restés persuadés jusquà leur mort. Ils ont disparu à leur tour sans avoir obtenu la clé de l'énigme, mais plus de soixante ans après les faits, François Saint-Aubin, le frère de Jean-Claude, continue de porter ce combat pour la vérité. "Affaires sensibles" retrace leur inlassable combat judiciaire le 27 avril 2025.

Le drame s'est déroulé le 5 juillet 1964. Ce jour-là, les Saint-Aubin, qui ont prévu de séjourner à Fréjus, sont sur la route des vacances. Mais la Volvo de Jean-Claude s'encastre dans un platane. Ni lui ni sa passagère ne survivent au choc. Les gendarmes concluent rapidement qu'une vitesse excessive lui a fait perdre le contrôle de sa voiture. Quelques jours plus tard, l'affaire est classée sans suite.

Une justice désespérément sourde

Les parents de Jean-Claude, eux, ne peuvent croire à ce scénario : leur fils était connu pour être un conducteur émérite. La route, d'ailleurs, ne porte aucune trace de freinage. Ils se transforment alors en détectives pour mener leur propre enquête. Et tout, dans les renseignements qu'ils vont recueillir, semble indiquer un accident provoqué : des procès-verbaux falsifiés, des témoins qui disparaissent, et surtout, un mystérieux camion militaire présent sur les lieux...

Plus tard, un informateur les mettra sur une piste sérieuse : celle des barbouzes, et d'une bavure sur fond de guerre secrète contre l'OAS (l'organisation terroriste qui s'oppose à l'indépendance de l'Algérie, décidée par le général De Gaulle deux ans plus tôt). La mère de la victime clamera cette conviction haut et fort pendant des années. "J'espère qu'en haut lieu, on aura le courage de dire la vérité. Que l'on reconnaisse que mon fils a été victime d'une bavure."

"Je crois que les Saint-Aubin se sont opposés surtout à la 'grande muette', à l'Armée. Et la 'grande muette' a refusé de leur livrer la vérité."

Denis Langlois, ancien avocat et ami des Saint-Aubin

dans "Affaires sensibles"

En tout, les Saint-Aubin engageront dix procédures pour faire reconnaître la responsabilité de l'Etat, et 25 décisions judiciaires seront rendues. Peine perdue. "La justice n'a fait que nous mettre des bâtons dans les roues, déplore François Saint-Aubin. C'était constamment des non-lieux."

"Une grande dame"

Plus les Saint-Aubin essaient de comprendre, plus on semble vouloir leur cacher la vérité... Mais il en faudrait davantage pour les décourager. "Plus nous avons de difficultés, plus on se bat", affirmait Andrée Saint-Aubin. L'énergie et la détermination de cette mère ont forcé l'admiration de tous les journalistes qui ont couvert l'affaire. "On a tous été subjugués par son côté infatigable, se remémore l'un d'eux, Jacques Revon, avec émotion. C'était une grande dame. On peut lui tirer son chapeau."

Jusqu'à son dernier souffle, en 2003, Andrée Saint-Aubin continuera à chercher la vérité, frappant à toutes les portes, jusqu'à l'Elysée. Sur la tombe de son fils, elle a fait graver son combat sans le marbre : "Jean-Claude Saint-Aubin, assassiné par méprise à Fréjus." Les derniers espoirs de François reposent aujourd'hui sur les archives de l'Armée, qui pourraient être déclassifiées... en 2064, cent ans après les faits.

Extrait de "Saint-Aubin : accident ou affaire d'Etat ?", à voir le 27 avril 2025 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter.

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