Vidéo Disparues de Pontcharra : quand une famille "fait le travail d'enquêteur à la place des enquêteurs", jusqu'aux aveux du meurtrier 36 ans plus tard

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Article rédigé par France 2
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A Pontcharra dans les années 1980, deux disparitions et un meurtre se produisent autour de la même inquiétante bâtisse… sans que la police ne fasse de rapprochement. Dans cet extrait d'"Affaires sensibles", voici comment l'acharnement d'une famille a fini par faire éclater la vérité.

Près de la gare de Pontcharra, petite ville sans histoire au pied des Alpes, il existait dans les années 1980 un endroit que de nombreux habitants considéraient comme maudit. Depuis plusieurs disparitions inexpliquées dans un même périmètre, ils l'avaient rebaptisé le "triangle de la mort"...

A quelque 200 mètres d'une lourde bâtisse, dont le propriétaire a déjà condamné en 1985 pour avoir tenté d'étrangler une automobiliste, le corps d’une femme, Liliane Chevènement, avait été retrouvé en 1981. Une autre femme, Marie-Ange Billoud, a disparu à proximité en 1985, puis c’est le tour de Marie-Thérèse Bonfanti en 1986... précédée d'un cri strident que des employés de la gare ont distinctement entendu. A l'époque, les enquêteurs ne font pourtant aucun rapprochement entre ces trois affaires. 

Un an et demi après la disparition de Marie-Thérèse Bonfanti, la justice décide de mettre un terme à l'enquête. Par la suite, un non-lieu est définitivement prononcé. Le propriétaire de la maison part s'installer un peu plus loin, le bâtiment est détruit et remplacé par une zone commerciale. Mais la famille Bonfanti, persuadée de sa culpabilité, continuera inlassablement à remuer ciel et terre à la recherche de Marie-Thérèse.

Quand le frère d'une disparue reprend l'enquête à zéro

En 2019, lorsque les parents de Marie-Thérèse Bonfanti décèdent sans savoir ce qu'il est advenu de leur fille, c'est leur fils Eugène qui reprend le flambeau. En étudiant point par point l'enquête menée en 1986, il met au jour, avec l'aide d'un ami, d'importantes incohérences dans l'emploi du temps du propriétaire de la maison. Leur mémoire de 30 pages a bluffé l'avocat de la famille, pour qui "ils ont fait le travail d'enquêteur à la place des enquêteurs de l'époque".

Comment les enquêteurs de 1986 ont-ils pu passer à côté de cette piste ? Trente-quatre ans après la disparition de Marie-Thérèse, son frère réclame la réouverture de l'enquête, mémoire à l'appui. Sa demande tombe à pic : une cellule "cold cases", la première du genre, vient justement d'être créée à Grenoble. Rapidement, les enquêteurs arrivent aux mêmes conclusions que la famille : en 1986, le principal suspect n'a pas dit la vérité...

Le suspect numéro un craque et passe aux aveux

Le 8 mai 2022, l'homme désormais âgé de 56 ans est interpellé à son domicile, à une vingtaine de kilomètres de Pontcharra, et interrogé. Après avoir nié plusieurs heures, il lève enfin le voile sur les événements du 22 mai 1986... trente-six ans plus tard. Selon ses déclarations, il aurait vu Marie-Thérèse Bonfanti mal garée devant chez lui et l'aurait insultée. Au cours de la dispute qui aurait suivi, il l'aurait étranglée dans un accès de rage, puis aurait chargé son corps dans le coffre de sa voiture, à l'arrière de la maison.

Qu'est-il advenu du corps de Marie-Thérèse Bonfanti ? Il raconte l'avoir jeté dans un ravin, le long d'une route de forêt, à 5 kilomètres du lieu du crime. Pendant des semaines, le secteur est passé au peigne fin. Et le crâne humain dont les gendarmes finissent par découvrir des fragments s'avère, après analyse ADN, être celui de Marie-Thérèse Bonfanti.

Mis en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre, l’homme est incarcéré à la prison de Grenoble. Son arrestation pourrait servir de déclic pour rouvrir d'autres enquêtes sur des crimes et disparitions non élucidés… ceux de Liliane Chevènement et Marie-Ange Billoud.

Extrait de "Disparues de Pontcharra : 36 ans de mystères", à voir le 19 janvier 2025 dans "Affaires sensibles(Nouvelle fenêtre)", une coproduction France Télévisions, France Inter et l'INA, adaptée d’une émission de France Inter.

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