Vidéo "Comment a-t-on pu avoir la force ? : Ginette Kolinka et Marceline Loridan racontent l'enfer des travaux forcés dans le camp d'Auschwitz-Birkenau

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Article rédigé par France 2
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont utilisé le travail forcé dans les camps de concentration pour humilier, épuiser et déshumaniser les déportés. Ginette Kolinka et Marceline Loridan, rescapées du camp d'Auschwitz-Birkenau, ont témoigné de ce qu'elles ont subi.

Le 27 janvier 1945, Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp de concentration et d’extermination nazi, était libéré par l’armée soviétique. Entre 1942 et 1945, plus d’un million de personnes ont été assassinées dans ce centre de mise à mort à échelle industrielle, des juifs pour la plupart.

A l’arrivée des convois, pratiquement tous les déportés sont tués. Seuls quelques-uns échappent à la chambre à gaz pour être soumis aux travaux forcés. Officiellement, les détenus travaillent pour entretenir le camp, creuser des fossés, créer des routes… Mais pour les SS qui dirigent le camp, c’est aussi un moyen de les occuper et d’alléger leur surveillance. Parfois, des ordres insensés sont donnés uniquement dans le but d’épuiser et de rabaisser.

Marceline Loridan, déportée en 1944 à l’âge de 15 ans, témoigne de cette violence : "On est pris au hasard pour des tâches d’humiliation, des travaux pénibles, physiques. Il faut porter je ne sais pas trop combien de briques dans les mains et les mettre à 500 mètres, et une fois que tu as fini le tas de briques, tu ramènes les mêmes briques au même endroit."

"Faut pas mourir, faut pas se laisser aller, faut être fort…"

Des travaux d’Hercule alors que les déportés sont affamés et squelettiques. Arrivée à Auschwitz par le même convoi que Marceline Loridan, Ginette Kolinka se souvient des méthodes employées pour les forcer à réaliser les tâches les plus difficiles : "On a tous le harnais à l’épaule et la kapo crie ’Eins, zwei, drei, tirez !', On n’y arrivait pas. Elle recommence trois, quatre fois. Alors elle sort une fille du groupe, elle commence à la battre devant nous. Cette pauvre femme, est-ce qu’elle est morte ? Est-ce qu’elle était évanouie, ensanglantée ? On a tellement eu peur qu’elle en reprenne une autre et que cette autre soit nous… Quand elle a recommencé à crier ’Eins, zwei, drei', on a tiré le rouleau. Avec la peur, ils nous faisaient faire tout ce qu’ils voulaient. Comment a-t-on pu avoir la force ? La peur, la peur, la peur…"

Face à la barbarie au quotidien, une forme de déshumanisation s’installe : "On s'habitue. On est adaptables à merci, c'est ça l'horreur. On les voit, les massacres, on les vit, on voit les gens qui font la queue, qui disparaissent, on voit les flammes, on voit la fumée, on voit tout le processus, raconte Marceline Loridan. On n’est pas dans la chambre à gaz, évidemment, mais on connaît tout le processus. On sait que tout le monde y passera. La grande plaisanterie, c’est 'tu finiras par la porte ou par la cheminée'. Ce qui est totalement anormal quand vous êtes arrivé devient la normalité. Mais ce qu’il faut, c’est tenir. Faut pas mourir, faut pas se laisser aller, faut être fort…"

Extrait de la série "Ginette, Marceline et Simone", diffusé dans "13h15 le dimanche" le 26 janvier 2025.

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