"On ne comprend pas le sens de ce jugement, il est malaisant", juge Hervé Marseille, à propos de la condamnation de Nicolas Sarkozy

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l’agence 6médias
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Invité politique de La Matinale de ce dimanche 28 septembre, Hervé Marseille, président du groupe union centriste (UC) au Sénat, a été questionné sur la condamnation de Nicolas Sarkozy. Il a déclaré ne pas "comprendre le sens de ce jugement", le trouvant "malaisant".

Président du groupe union centriste (UC) au Sénat ainsi que président de l'UDI, Hervé Marseille a réagi à la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs. Dans La Matinale du dimanche 28 septembre, Hervé Marseille a déclaré "On ne comprend pas le sens de ce jugement, il est malaisant".

On commence donc avec Nicolas Sarkozy, condamné à 5 ans de prison ferme, et il contre-attaque. On vient de le voir dans le JDD ce matin. "Toutes les limites de l'État de droit ont été violées", voilà ce qu'il dit dans le journal. Est-ce que notre État de droit est menacé en France ? Est-ce qu'il est menacé par la partialité de la justice ?

Écoutez, en tous les cas, il y a un jugement. Il est ce qu'il est. On en prend acte. Mais il est malaisant. On ne comprend pas le sens de ce jugement. On a un prévenu, Nicolas Sarkozy. Voilà des faits qui sont jugés. Il y a 20 ans. 10 ans, avec beaucoup de moyens pour faire une enquête, on dit non, il n'y a pas de corruption, il n'y a pas de financement illégal, il n'y a pas d'enrichissement personnel. Puis à la sortie, association de malfaiteurs, on imagine des gens qui sont en train de monter un coup et 5 ans immédiatement de prison.

Avec mandat de dépôt.

Les avocats, les spécialistes disent, on ne comprend pas bien. Pourquoi ? Comment ? Et donc ça crée une forte interrogation dans l'opinion. Alors les uns s'insurgent, les autres sont sidérés. Mais on se dit, c'est quoi le sens de cette décision ?

Mais vous pensez qu'il y a une justice d'exception ? Vous pensez qu'il n'a pas été traité finalement comme un justiciable comme les autres ?

Écoutez, je n'ai pas lu le... Parce qu'il y a beaucoup de pages. Je crois qu'il y en a 400. Je n'ai pas lu le jugement. Il faut peut-être le lire précisément. Mais c'est vrai que l'opinion a du mal à comprendre le sens de cette décision. C'est vrai qu'il y a un sujet. Le président du Sénat l'a dit. C'est l'exécution immédiate.

L'exécution provisoire. Il faut réinterroger cette exécution provisoire devant le Parlement. Est-ce qu'au Sénat, vous pourriez nous en saisir, par exemple ?

Il faut travailler ces textes, parce que finalement, les magistrats ne font qu'appliquer des textes votés par le Parlement. C'est à nous de revoir, j'allais dire, si ce type de mesure est justifié ou pas.

Mais est-ce qu'on peut se demander si la décision a été prise en fonction de considérations politiques. On sait que la présidente du tribunal avait manifesté contre Nicolas Sarkozy. On sait aussi que Nicolas Sarkozy avait critiqué les juges. Est-ce que tout ça, ça peut entrer en ligne de compte ?

C'est troublant.

Ou est-ce qu'on se dit qu'avec honnêteté, la justice fait son travail et qu'elle est indépendante ?

Moi, je fais confiance à la justice, je suis un républicain, je prends acte de la décision et je pense qu'il faut respecter la justice. C'est vrai que c'est troublant, et donc ça crée forcément une suspicion. Mais au-delà de ça, je pense qu'en Europe et dans beaucoup de pays du monde, il faut faire très attention parce qu'il y a un vent populiste qui se lève. On met en cause bien sûr la justice, on met en cause les élus, ça devient très violent, on met en cause les journalistes, on met en cause toutes sortes d'institutions. Et quand il n'y a plus de barrières, quand il n'y a plus de juges, quand on peut faire tout et n'importe quoi, on l'a vu aux États-Unis, ça peut être extrêmement violent. Donc je crois qu'il faut faire très attention parce que ce genre de situation peut conduire à des excès qu'on ne maîtrisera plus. Donc il faut respecter la justice, il faut respecter les instances.

Mais est-ce qu'il fait ça, justement, Nicolas Sarkozy, dans cette interview ? Est-ce qu'il respecte la justice ?

Je ne sais pas. Je ne vais pas me faire son interprète. Je vous laisse le soin de le faire.

Non, mais vous l'avez lu. Il attaque, il a demandé de juger la partialité de la justice. Est-ce qu'il ne met pas aussi, il ne fragilise pas notre État de droit ?

C'est émotionnel. Je vous dis, quand il y a une décision qu'on a du mal à comprendre, il y a aussi une émotion. Quand on vous condamne et qu'on sait que dans quelques jours vous allez aller en prison, il y a une émotion, surtout quand on vous lave de toutes les autres chefs d'inculpation. À partir de là, effectivement, ça peut créer des troubles.

La présidente du tribunal a été menacée de mort. J'imagine que vous lui apportez votre soutien.

Bien sûr, ce n'est pas normal.

Elle doit être protégée.

Bien sûr, c'est fait d'ailleurs. Et le garde des Sceaux s'est empressé de lui apporter évidemment son soutien. Encore une fois, il faut pouvoir respecter les institutions. Regardez aujourd'hui, on a de la violence vis-à-vis des policiers, on a de la violence vis-à-vis des pompiers, de toutes sortes d'autorités. Ça ne peut pas continuer. Un pays doit avoir un État de droit. C'est le cas en France. Il faut faire respecter cet État de droit. Sinon, il n'y a plus rien qui tient.

On va parler politique avec cette interview de Sébastien Lecornu. Vous serez reçus demain à 13h à Matignon, tous les présidents du groupe du Choc Le Commun.

On a notre rond de serviettes toutes les semaines.

Voilà, c'est ça. C'est quoi l'ordre du jour ?

J'aimerais bien le savoir.

Vous ne savez pas pourquoi vous allez voir le Premier ministre ? Vous pensez qu'il va vous éclairer sur le prochain budget ?

Ça serait souhaitable. Ça serait bien qu'on en sache au moins autant que les journalistes et l'opposition.

Donc vous ne savez pas du tout où va le Premier ministre ?

Non.

Ça vous inquiète ?

Non, je ne suis pas inquiet, je fais confiance. Je pense que la situation est compliquée. Il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale. Il faut trouver des compromis. Et tout le monde doit faire des compromis. Ça veut dire que chacun doit avancer, que ce soit le Parti socialiste comme nous, dans ce qu'on appelle le SOC, un mot très joli, mais on va dire la coalition gouvernementale. Il faut que chacun puisse avancer. On voit bien que, par exemple, la taxe du Kman, c'est formidable. Ils veulent absolument la taxe du Kman. Il n'y a pas de majorité pour la voter. Le FN a dit qu'il était contre. Donc il faut que chacun fasse un effort. Il faut faire des économies. Je crois que François Bayrou l'a assez démontré, ça lui a coûté son poste. Il faut faire des économies. Nous sommes très endettés, nous ne pouvons pas continuer comme ça. Et puis d'un autre côté, il faut de l'équité fiscale. C'est-à-dire qu'il faut que chacun considère que tout le monde fait sa part dans l'effort. Et donc, il faut taxer les plus hautes fortunes. Ça, je crois que c'est acquis. Mais… C'est acquis.

Il n'y a pas de taxe Zucman, il n'y a pas d'ISF. Oui, mais ça, on peut en parler... Et on comprend que certains vont voir leurs opérations augmenter et d'autres baisser. Donc, il n'y a pas d'impôts supplémentaires, si on lit Sébastien Lecornu.

Il y a des propositions.

Il y a une proposition du Modem d'ailleurs pour une sorte de retour de l'ISF. Vous validez ça ?

Appelez ça comme vous voulez. Il s'appelle l'ISF, prélèvement ou modifier l'IFI qui existe actuellement. Il y a un tas de propositions.

Et ça, ça ne taxerait pas forcément les plus riches, les plus de 100 millions d'euros ?

Si, si, si. Vous pouvez augmenter l'assiette et puis les taux. Mais ce qui est formidable, c'est qu'on parle d'un budget qui n'est pas encore discuté au Parlement. C'est-à-dire que les propositions de François Bayrou ont été balayées avant même qu'on en discute. Et aujourd'hui, on est en train de parler d'un budget. Je vois les socialistes. Tout le monde s'excite. On va censurer. Retenez-moi où je fais un malheur. Et puis le débat n'a pas encore eu lieu. Pour l'instant, on est au stade des discussions, des consultations.

Sauf que, quand on présente un budget, il y a quand même une copie de départ. On ne voit pas très bien. Cette copie de départ, s'il n'y a pas la suspension des retraites, s'il n'y a pas l'attaque Zucman, s'il n'y a pas l'ISF, on voit bien qu'à gauche, vous avez vu les réactions, il n'y aura pas d'accord. Et pourtant, il faut ce consensus. Est-ce que c'est parce que le gouvernement cherche vraiment à tendre la main aux socialistes ?

Eh oui, simplement, il y va avec beaucoup de précautions, parce qu'il sait qu'il a aussi une aile droite dans son socle parlementaire, et il faut qu'il avance pas à pas. Et donc il laisse la porte ouverte. Petit à petit, il les encadre.

Donc là, il a consolidé ce qu'on pourrait dire son socle commun avec cette interview, et puis demain, il va lâcher un petit peu aux socialistes ?

Le débat le dira parce que c'est le Parlement qui va voter. Ce ne sont pas les communiqués de presse, les injonctions, les menaces. Je veux dire, à partir de la semaine prochaine, on va rentrer dans le débat au Parlement. C'est là que ça va se voter.

Est-ce que Sébastien Lecornu, finalement, négocie en sous-main avec le RN ?

Je ne le pense pas. Je n'ai aucun élément qui me permette de le penser. Ce n'est pas souhaitable. En tous les cas, à ma connaissance, il n'y a pas de négociations. Il y a simplement des consultations comme avec tous les groupes. Je pense qu'il faut aussi que le Premier ministre parle davantage avec ceux qui le soutiennent.

Qu'est-ce que vous souhaitez, UDI, centristes, dans le budget ?

Nous, on souhaite des économies, on souhaite de l'équité fiscale, je viens d'en parler. Il faut aussi des mesures pour le pouvoir d'achat parce qu'on parle de toutes sortes de choses, je veux bien, il y a les migrations, il y a la sécurité, c'est important, notamment pour... Il y a la fin de vie, que certains espèrent voir continuer à discuter, et puis il y a les problèmes de pouvoir d'achat. Parce qu'on a oublié quand même, depuis la Covid, on avait célébré les premières lignes, les gens qui ramassaient les poubelles, qui étaient dans les supermarchés, etc., qui faisaient tenir le pays. Et puis on a oublié un peu ça parce qu'aujourd'hui on a un problème de pouvoir d'achat. Et le pouvoir d'achat, c'est en particulier aussi le logement, qui constitue un des postes les plus importants du pouvoir d'achat. Il faut revenir sur ces données fondamentales parce que les gens, quand ils se lèvent le matin, pensent surtout à la façon dont ils vont pouvoir vivre. Et on voit bien qu'il y a un souci de ce côté-là.

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