« La dissolution ne ferait qu’enraciner le problème » : pour David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l’AMF
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Mardi 2 septembre, David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France, était l’invité de Sonia Chironi et Nathalie Saint-Cricq dans "Tout est politique" sur Franceinfo. Il est revenu sur la crise politique actuelle, la question d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale et l’affaiblissement de la France sur la scène internationale.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
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Sonia Chironi : J’imagine que vous avez lu avec attention l’interview accordée par Nicolas Sarkozy. Il y affirme être persuadé qu’il n’existe aujourd’hui aucune autre solution pour notre pays que la dissolution. Partagez-vous cet avis ? Seule une dissolution pourrait-elle, selon vous, clarifier la situation politique et offrir une majorité stable ainsi qu’un gouvernement au pays ?
David Lisnard : Depuis la décision, que je qualifierais d’absurde, du président de la République de dissoudre l’Assemblée, nous assistons à une fragmentation du Parlement. Cette décision était absurde, car le résultat était prévisible : tous les sondages le laissaient entendre. Mon inquiétude est que, si une nouvelle dissolution avait lieu aujourd’hui, nous pourrions nous retrouver exactement dans la même situation de blocage. Je ne vois pas ce qui pourrait changer en termes de représentation à l’Assemblée nationale. Bien sûr, tout cela reste de la conjecture.
De plus, une dissolution entraînerait un blocage supplémentaire de l’Assemblée pour au moins un an. C’est pourquoi j’avais suggéré, l’année dernière. Le président de la République pourrait reconnaître le blocage actuel en déclarant : "Je suis en partie responsable de cette situation. Il faut régénérer la légitimité démocratique."
Cette démarche permettrait de rétablir un cycle démocratique sain, avec un exécutif et un Parlement en mouvement, une majorité et une opposition clairement établies. Il faudrait annoncer cette démarche plusieurs mois à l’avance pour permettre une véritable campagne, et non pas se limiter à la période de trente jours.
Nathalie Saint-Cricq : Ne pensez-vous pas que l’image d’Emmanuel Macron à l’international s’est considérablement affaiblie ?
David Lisnard : L’affaiblissement de la France dure depuis plusieurs années. Aujourd’hui, à l’international, hormis dans le contexte interne où l’on commente encore les discours du président, la situation est préoccupante. L’Italie occupe désormais une place prépondérante, l’Allemagne est en train de la reconquérir. Comme le disait Bismarck, "la diplomatie sans les armes, c’est comme la musique sans instruments".
Quand un pays est surendetté, politiquement instable et que ses dirigeants affichent des positions contradictoires à l’international, comme c’est le cas pour Emmanuel Macron, la France se trouve affaiblie. Il ne s’agit pas seulement de constater cet affaiblissement, mais de chercher comment redonner, à un moment donné, une légitimité démocratique nécessaire pour agir sur la scène mondiale.
Nathalie Saint-Cricq : Ce n’est pas simplement une question d’initiatives européennes qui n’auraient pas abouti, ou d’actions auprès de Donald Trump, ou encore d’une tentative d’alignement entre l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Angleterre. Lorsqu’un dirigeant est sur le départ, il n’est plus écouté. Cela montre une fragilité qui n’est pas très conforme à l’esprit gaulliste de la Constitution.
David Lisnard : Lorsque le général de Gaulle a démissionné en 1969, était-il encore gaulliste ? La base du gaullisme repose sur le principe que l’autorité de l’État s’appuie sur une légitimité populaire. À chaque crise majeure, il y a eu recours au référendum, comme en 1962 lors de la question de l’indépendance de l’Algérie. Lorsque le général de Gaulle estimait qu’il n’avait plus le soutien du peuple, il se retirait.
Aujourd’hui, le problème est différent : il s’agit de l’incapacité de l’exécutif à être efficace et à répondre aux enjeux contemporains. Nous vivons trois cycles qui s’entrechoquent :
Un cycle long, marqué par l’européanisation du monde, désormais révolu. L’émergence de nouveaux pôles internationaux exige que la France et l’Europe retrouvent leur force.
La fin de l’État-providence, modèle de développement qui reposait sur une démographie favorable et la prospérité de la croissance. Ce modèle n’est plus viable aujourd’hui.
Alors, la dissolution est-elle la seule solution ? Ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Il est possible que le gouvernement parvienne à désigner une personnalité capable de faire avancer le pays jusqu’en 2027. Mais objectivement, personne ne peut en être certain. Pour ma part, je crains qu’une dissolution ne fasse qu’enraciner davantage le problème.
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Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
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