Vote de confiance : Pour le RN, "il s’agit de rester dans cette image institutionnelle", estime le communicant Arnaud Stéphan

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Article rédigé par franceinfo - Jean-Baptiste Marteau - Édité par l'agence 6Médias
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Arnaud Stéphan, ancien conseiller en communication notamment de Marine Le Pen était l'invitée du “10 minutes Info” de ce mardi 2 septembre.

Arnaud Stéphan, communicant, fondateur de l'agence note2com et ancien conseiller en communication notamment de Marine Le Pen. Alix Bouillaguet, éditorialiste chez France info est revenue sur le positionnement du Rassemblement national notamment à travers Marine Le Pen à propos de la possible chute du gouvernement Bayrou qui sera soumis à un vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre prochain.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Jean-Baptiste Marteau : Le RN a été reçu mardi 2 septembre à 10 heures à Matignon. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont dit qu'ils iraient voir le Premier ministre alors que nous savons que tout est joué, que François Bayrou va partir, qu'il sera renversé lundi prochain. Pourquoi y vont-ils alors que certains partis ne veulent pas y aller justement ?

Arnaud Stéphan : Il y a deux raisons. D’abord, c'est une volonté de contraste par rapport aux autres formations politiques qui ont décidé de ne pas y aller, c'est-à-dire qu'ils se démarquent volontairement de l'attitude de LFI, notamment et de celle des Verts. Ensuite, il s’agit de rester dans cette image institutionnelle, selon les termes de Marine Le Pen. Donc ils vont s'y rendre pour continuer à jouer le jeu des institutions, même s'ils ont dit qu'ils n'avaient rien à négocier, qu'ils n'attendaient rien de la part de François Bayrou.


Jean-Baptiste Marteau : Et justement, Alix Bouillaguet, on se disait qu'effectivement, au début, entre François Bayrou et Marine Le Pen, il y avait quelque chose qui était jouable. Ils auraient pu se mettre d'accord sur certaines choses.


Alix Bouillaguet : Disons qu'il y avait comme un petit début de lune de miel, parce que c'est vrai que François Bayrou a toujours été courtois vis-à-vis du Rassemblement national. Ils ont partagé quelques combats, la proportionnelle, la fameuse bande de la démocratie qui permet effectivement à n'importe quel parti de se financer pour une campagne présidentielle. On connaît les difficultés de Marine Le Pen. On a senti qu'au moment où la décision de justice sur sa propre inéligibilité provisoire est tombée, François Bayrou s’est dit troublé. Donc effectivement, il y avait quand même, comme on dit dans le jargon politique, François Bayrou les traitait, il était en lien et il pouvait envoyer des messages... etc. Mais il y a eu effectivement une grande cassure. C'est cette fameuse lettre du 25 juillet envoyée par Marine Le Pen à François Bayrou, une lettre où elle détaille ses propositions pour lutter contre la dette à laquelle il ne répond pas. Et elle l'a pris aussi comme une forme de mépris.


Jean-Baptiste Marteau : Il n'y a que ça ou bien il y a aussi la base, les électeurs de Marine Le Pen qui ne voulaient pas d'un accord avec François Bayrou et qui veulent le faire tomber…

Arnaud Stéphan : Les deux. C'est-à-dire que vous avez d'un côté une personnalité politique qui, à l'époque de Michel Barnier, avait subi à peu près la même chose. C'est-à-dire que ça ne se passait pas trop mal avec Michel Barnier, et puis il y avait eu des offres qui avaient été distillées, où Michel Barnier disait : J’ai rencontré Marine Le Pen, elle n'est pas au niveau. Et cela a braqué la cheffe de file du Rassemblement nationale. Avec elle, quand vous faites les choses ainsi, c'est la peine de mort politique. Elle ne supporte pas ce genre de choses. Elle a l'épiderme très fragile quand il s'agit des critiques la concernant. Donc le fait d'être traité, d'être considéré, c'est vraiment essentiel pour Marine Le Pen.

C'était essentiel, d’autant plus qu'ils étaient dans une relation de paix armée où tout se passait correctement. Il faut se souvenir que François Bayrou avait donné une soixantaine de signatures à Marine Le Pen en 2022, lui permettant d'être candidate à l'élection présidentielle. Moi-même, j'avais assisté à une discussion où elle avait dit : “Il faudra s'en souvenir, voilà c'est tout, quand les gens font des choses comme ça, il faudra s'en souvenir”. Elle s'en est souvenue jusqu'au moment où la situation politique devient intenable, c'est-à-dire que personne ne peut continuer à voter une confiance, c'est un acte politique de voter une confiance, donc ça, ce n'est pas possible pour Marine Le Pen. Et puis, le Premier ministre a lui aussi commencé à dire : “De toute façon, ils étaient tous en vacances, je me suis permis de ne pas répondre à leur lettre”.


Jean-Baptiste Marteau : Donc, Alix Bouillaguet on voit que désormais, ils sont prêts à le censurer, ils ne voteront pas la confiance lundi prochain, c'est une certitude et on prépare la suite surtout ?


Alix Bouillaguet : C'est vrai qu'ils ont eu un petit moment d'hésitation. Il y avait la stratégie de la cravate, mais avec une base de respectabilité. On fait de l'anti-mélenchon, on ne demande pas la destitution du chef de l'État, on ne veut pas bloquer le pays, qui était mis en place, et en même temps on répond à cette base électorale qui veut renverser Bayrou et aussi on préserve l'électorat que vise aussi Marine Le Pen, c'est-à-dire les seniors, les patrons, et ceux qui rêvent de stabilité. Donc là, le Rassemblement national s’est dit : ‘Écoutez, une dissolution des nouvelles législatives, nous, on sera cette nouvelle force politique qui va pouvoir donner cette stabilité à l'après-Bayrou’”

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