Trafic de drogue : les pêcheurs sollicités et parfois complices des trafiquants
Des pêcheurs se retrouvent approchés par des narcotrafiquants pour récupérer des livraisons de stupéfiants en mer. Approchés et parfois complices, plusieurs récentes interpellations et mises en examen ont eu lieu dans le Calvados.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Comme emprisonné, immobilisé à quai. Le Lucky est placé sous scellé, au petit port d'Ouistreham (Calvados). En avril dernier, le bateau s'est retrouvé au cœur d'un trafic de drogue international. Dans un vaste coup de filet, trois pêcheurs ont été interpellés, et depuis, sur la côte normande, c'est l'omerta. Rares sont ceux qui s'expriment. L'affaire a jeté le discrédit sur toute une profession.
615 kg de cocaïne interceptés
Un pêcheur de coquilles Saint-Jacques confie être régulièrement pris pour un dealer. "Il y a pas mal de monde qui me dit qu'on va acheter de la coquille avec de la cocaïne dedans. Ça fait 20 ans que je fais ce métier-là, la première fois que j'entends ça. Moi, ça m'a un peu énervé quand même. Donc j'ai dit aux gens, calmez-vous parce qu'on ne met pas tout le monde dans le même panier", partage-t-il.
En avril dernier, les forces de l'ordre interceptent 615 kg de cocaïne au large des côtes normandes, valeur à la revente : 35 millions d'euros. Tout a commencé une semaine plus tôt. Un cargo chargé de drogue part du Brésil, destination finale : Amsterdam, avec une première livraison prévue au large de la Normandie. Le mode opératoire : le drop-off. Les ballots de drogue sont jetés à la mer, puis récupérés par le chalutier d'Ouistreham. Les équipes de France Télévisions avaient filmé le patron du bateau il y a quelques années. Les narcotrafiquants l'ont convaincu d'effectuer le convoi.
Des pêcheurs recrutés
Cinq mois plus tard, les dealers continuent d'approcher les marins d'Ouistreham et des ports voisins, comme le confie un pêcheur. "Un homme assez grand et puis avec une grosse parka, alors qu'on était en plein mois de juin. Il me demande comme ça, "t'es marin pêcheur, tu connaîtrais pas du monde qui pourrait faire des passages ?" Il dit que c'est bien rémunéré et je lui dis, je ne suis pas intéressé et puis le mec il est parti comme ça. Mais comme quoi, ils peuvent venir demander sur les quais", constate-t-il. Parfois, les trafiquants repèrent sur les réseaux sociaux les pêcheurs qui publient une simple photo de leur sortie en mer et ils leur envoient directement un message.
À la criée, on ne justifie pas, mais on tente d'expliquer pourquoi les pêcheurs sont devenus une proie facile pour les narcotrafiquants. Les marins pêchent de moins en moins, les prêts et les dettes s'accumulent. Certains sont pris à la gorge. Et dans les ports normands, les pêcheurs évoquent aussi les méthodes extrêmement violentes des dealers. Pression, intimidation, séquestration pour contraindre les marins les plus réticents à passer à l'acte. "Ils se renseignent bien avant sur ta position familiale. Surtout si tu as des enfants et une femme. Le mec, il sait toute ta vie. Et ça peut faire peur", indique un autre pêcheur.
Des surveillances intensifiées
Les forces de l'ordre intensifient la surveillance et multiplient les contrôles en mer. Ils rappellent que les pêcheurs, en acceptant les convois, se rendent complices du narcotrafic. "On s'expose à de nombreuses années de prison et aussi à des interdictions parallèles d'exercer dans le milieu du transport ou dans le milieu de la pêche. Donc c'est quelque chose qui peut véritablement mettre un terme à votre vie professionnelle et personnelle", rappelle Jérémie Dumont, commissaire divisionnaire et chef de la filière police judiciaire de Rouen (Seine-Maritime). Pour les enquêteurs, il est difficile de remonter jusqu'aux commanditaires car il s'agit de puissants réseaux internationaux dont les pêcheurs normands ne sont qu'un maillon.
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