Fonction publique : ces fonctionnaires prêts à tout pour servir la nation

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Article rédigé par France 2 - F. Mathieux, F. Blévis, N. Tabouri, E. Quéno, S. Pichavant, N. El Abid, D. Chevalier - Édité par l'agence 6Médias
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Policière, enseignant ou médecin à l'hôpital public… Ils disent vouloir défendre les valeurs de la République et donner du sens à leur vie : et s'il faut pour cela diviser leur salaire par deux.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

22 ans et l'envie de servir l'État. Après trois années de fac, c'est finalement dans la discipline que Lyvie s'épanouit. Les valeurs de la République, elle veut les défendre. "Faut être fiers de notre pays et fiers du service drapeau, c'est au plus profond de moi-même", affirme-t-elle. Elle suit sa formation à l'école de police de Périgueux (Dordogne). "Je voulais vraiment venir en aide aux gens. Je ne savais pas comment. Et au final, la police s'est ouverte à moi. Et là, depuis un an en école, j'ai trouvé ma voie. C'est sûr", assure la future gardienne de la paix. Elle commencera sur la voie publique par des interpellations.

Après les attentats de 2015, les écoles de police avaient fait le plein. Mais aujourd'hui, les candidats, comme Lyvie, sont moins nombreux. "C'est vrai qu'on a un peu de difficulté à recruter, mais on arrive toujours à trouver des gens qui ont encore cette fibre-là. Le problème, c'est : est-ce qu'on arrive à les garder ? Ça, c'est un autre souci. On voit qu'il y a de moins en moins de respect vis-à-vis de la police", indique Julien Hyvert, formateur en technique de sécurité.

L'image de la police, Lyvie aimerait justement la voir évoluer. Elle voudrait une police plus proche des gens. "On veut vraiment aider les victimes et pas. Et pas avoir le cliché du policier qui existe aujourd'hui dans la société", espère la jeune femme. Depuis dix jours, Lyvie est en stage à Paris et dans quelques semaines, elle sera officiellement gardienne de la paix. Premier salaire : un peu plus de 2 000 euros nets par mois.

Les fonctionnaires de l’hôpital

Exercer dans le public, à l'hôpital. C'est aussi le choix d'Ugo Lancien. Quinze années d'études pour devenir chirurgien plasticien. 80 % de ses camarades de promo sont partis vers le privé. Mais lui, ce qu'il souhaitait, c'est soigner les grands blessés. À 35 ans, il est chef de service adjoint et forme déjà des internes. Une responsabilité qui ne s'exerce que dans le public, là encore.

Les rythmes soutenus, le manque de personnel et toutes les difficultés de l'hôpital public, Ugo Lancien les connaît. Dans le privé, il pourrait doubler son salaire, mais il ne se voit pas ailleurs. "Quand on a vécu le Covid dans un CHU, on sait que les choses sont compliquées, mais ce sont les chirurgies plus lourdes et surtout le travail en équipe, et surtout avec d'autres spécialités qui m'intéressent. Et c'est faisable uniquement dans un centre universitaire", explique le chirurgien plasticien au CHU de Nantes (Loire-Atlantique).

L'éducation nationale

Quitter le monde de la finance pour l'éducation nationale, Alexandre Zitoune n'a pas hésité. Ancien avocat d'affaires, il est passé de plus de 5 000 euros à 2 500 pour être prof de français à Marseille (Bouches-du-Rhône). Premier jour de classe et première règle à respecter : aucun retard toléré. En changeant de métier, il a redonné un sens à sa vie professionnelle. Le choix d'Alexandre est rare. L'Éducation nationale peine à recruter. Cette année, il manque plus de 2 500 profs devant les élèves. Le métier n'est plus attractif. "L'environnement est difficile, c'est-à-dire que les moyens qui nous sont alloués tendent à diminuer, mais l'essence du métier est quand même extrêmement gratifiante et c'est souvent ça qui fait rester les gens", explique Alexandre Zitoune. "Depuis que je suis rentrée dans l'Éducation nationale, je n'ai pas arrêté de me dire que j'allais démissionner. Et à chaque fois, c'est les élèves qui me renvoient où je me dis, non, en fait, je suis vraiment faite pour ça et il faut tenir le coup, mais je ne pense pas que je tiendrai toute ma carrière", ajoute Maëlys Mejean, professeure de Sciences de la vie et de la Terre.

Alexandre exerce en zone d'éducation prioritaire. Lui espère tenir pour donner aux élèves des quartiers défavorisés les mêmes chances que les autres. "Si dans le futur je peux avoir la possibilité d'avoir pesé un petit peu sur l'avenir de certains de mes élèves en les ayant aiguillés vers la meilleure voie pour eux, c'est trop bien", indique-t-il. Investis d'une mission, Alexandre, Ugo le médecin et Lyvie la policière tentent, à leur niveau, d'influer sur la société.

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