Bâtiments et artisanat : des influences bousculent cet univers

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.

Si mon plombier était une femme plombier ? Et mon peintre, une peintre ? Le bâtiment, un univers d'hommes où les femmes veulent désormais casser les murs et les codes. Leurs outils : la compétence et les réseaux sociaux. Hilanie Rousseau est peintre en bâtiment et reine de la toile. Des vidéos, elle en publie tous les jours. Un mur à repeindre, une pièce à rénover, elle dévoile les coulisses de son métier et fait feu de tout bois. Au bout de trois ans sur les réseaux, elle cumule près de 85 000 followers. "On me pose des questions sur mon travail, quelles techniques je peux faire. C'est super gratifiant. Jamais de ma vie, je n'aurais pu croire un jour intéresser autant de gens", indique la peintre en bâtiment et influenceuse.

Son succès, elle le doit à ses vidéos humoristiques et à son look pas très académique sur un chantier. "Mes ongles sont toujours correctement faits, mes cils, ils sont faits. J'essaie toujours de me coiffer un minimum, de m'apprêter", assure la jeune femme. Cette célébrité, c'est aussi une revanche pour celle qui, à 31 ans, a déjà passé plus de 15 ans sur les chantiers et subit parfois le machisme. "Aujourd'hui, si j'arrive dans un chantier où il y a 10 hommes, je ne peux pas rigoler comme je rigole avec mon collègue aujourd'hui. Parce que si je leur donne un petit peu, ils vont prendre trop vite la confiance. Je reste une femme, en fait", assure-t-elle.

Une passion de père en fille

Se montrer pour s'affirmer, Hilanie Rousseau n'est pas la seule. Si le bâtiment compte seulement 13 % de femmes, sur les réseaux, elles sont les championnes des gros travaux. Kelly Cruz, carreleuse, cumule à elle seule 5 millions de followers. Cindy Queuvelet, alias Plumbs, s'y est mise juste après le confinement, et a déjà 30 000 abonnés. Plombier de père en fille depuis 20 ans, elle passe ses journées à dépanner. Ses vidéos à elle sont le plus souvent des tutos. Ce jour-là, on lui a prêté une cuisine et l'artisane se transforme alors en maître de formation. Devant la caméra, Cindy Plumbs devient un exemple à suivre pour beaucoup de jeunes filles. "Elles voient qu'il n'est pas nécessaire d'être costaud, d'être baraqué, il suffit juste d'être passionné, d'aimer ce qu'on fait", affirme-t-elle.

Une détermination dont elle a dû faire preuve, même avec ses parents. "Les mentalités ont changé, mais au départ, quand elle a commencé, je lui ai dit qu'il y avait des gens qui m'appelaient, ils voulaient monsieur Queuvelet, ils ne voulaient pas de ma fille, et puis après, c'était le contraire", raconte Alain Queuvelét, père de Cindy. Cette dernière et les autres influenceuses sont des pionnières d'un nouveau genre. Du buzz et des vues, une vague qui n'a pas fini de submerger le BTP.