Corse : une histoire et une terre de transmission

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Article rédigé par France 2 - C. Sinz, M. Niewenglowski, L. Marques, O. Sauvayre, Images drone : Arnaud Guilbert, Insulairedrone - Édité par l'agence 6Medias
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Vendredi 17 octobre, le journal de 13 Heures vous emmène en Corse, où les savoir-faire traditionnels sont vivaces et où l'agriculture, autrefois perçue comme une activité principalement masculine, a laissé au fil du temps sa place aux femmes.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.

C'est une vallée protégée près de Sartène (Corse-du-Sud) où poussent la vigne, les oliviers et les plantes, des terres cultivées par des femmes qui transmettent leur savoir à leur fille.

La passion des plantes

Michelle Pantalacci apprend les secrets des plantes aromatiques à sa fille Marie-Léa, 25 ans. Chaque plante demande une attention particulière pour en extraire l'huile essentielle. Chacune se récolte à un moment différent. Pour un ciste, c'est en plein été. "La période de récolte, c'est le jour le plus chaud de l'année à l'heure la plus chaude, c'est-à-dire fin juillet à 14 heures", indique Michelle Pantalacci. Marie-Léa aime écouter sa mère et ce, depuis toujours. "Depuis que j'ai 5 ans, je suis ici, je reste dans ses pattes. [...] À partir de 10 ans, je pense que ça a commencé à m'intéresser", confie la jeune femme.

Alors, elle a choisi de travailler avec sa mère, après ses études d'horticulture. Celle-ci a créé un domaine bio il y a 25 ans, en commençant par cultiver des immortelles, la fleur emblématique de la Corse, à l'odeur si particulière. Aujourd'hui, elle cueille le pistachier lentisque qui se récolte à la fin de l'été. Une plante aux nombreuses vertus. "Les vertus de cette plante sont pour la circulation. Ça aide beaucoup pour les jambes lourdes et pour les personnes qui ont des varices", indique Marie-Léa.

Michelle Pantalacci transmet son savoir-faire jusque dans la distillerie. Il faut piétiner les feuilles pour les tasser dans la cuve. Il faut 100 kilos de plantes pour quelques millilitres d'huile essentielle. Un métier physique et beaucoup de patience : sept heures de distillation. "Quand on va faire ce travail de distillation, on va extraire l'âme des plantes, mais c'est l'âme d'un lieu aussi. C'est ce que je voudrais transmettre à ma fille", partage Michelle Pantalacci.

Un vignoble transmis de mère en fille

À quelques kilomètres de là, se trouve le domaine viticole de la famille Quilichini. Dans les vignes, ce sont les femmes qui règnent. Elisabeth a succédé à Laurence, sa mère. Une terre transmise grâce aux femmes. "Ma grand-mère a été veuve très très jeune, donc elle possédait ses terres et après, ma mère aussi a été veuve très jeune. Donc après ça a été moi et j'ai transmis ça à Elisabeth", explique Laurence Quilichini du domaine Castellu di Baricci."Quand je me suis installée à 25 ans, elle m'a tout de suite donné les rênes du domaine. C'est assez exceptionnel, à 25 ans, de pouvoir faire ce qu'on veut", poursuit Elisabeth Quilichini de Lesquen. Une lignée de femmes fortes, comme la grand-mère d'Elisabeth, au caractère bien trempé. Elles se sont imposées dans un milieu très masculin.

Le vignoble est bio en appellation d'origine protégée. Avec cinq employés, Elisabeth veille sur 17 hectares de vigne, des cépages corses et un vin renommé. 53 000 bouteilles sont produites cette année. Mères et filles sont fières de leur vin rouge, réputé pour sa finesse. Très croyante, Elisabeth Quilichini a dédié son vignoble à la Vierge Marie. "Le prêtre est même venu bénir notre nouvelle récolte. Après, on se retrousse un peu les manches le matin quand même", ajoute Elisabeth.

Perpétuer cette histoire de famille enracinée dans le sud de la Corse, le sens de toute une vie.

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