Guerre en Ukraine : unis dans leur soutien à Kiev, les députés étalent leurs divergences sur la stratégie à adopter lors d'un débat à l'Assemblée nationale

Les débats se sont déroulés avec la présence en tribune d'Omelchenko Vadym, ambassadeur d'Ukraine en France.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre François Bayrou s'exprime à l'Assemblée nationale lors d'un débat sur l'Ukraine à Paris le 3 mars 2025. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)
Le Premier ministre François Bayrou s'exprime à l'Assemblée nationale lors d'un débat sur l'Ukraine à Paris le 3 mars 2025. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Unis dans leurs mots de soutiens à Kiev, les députés ont de nouveau étalé leurs divergences stratégiques, lundi 3 mars, à l'Assemblée nationale, lors d'un débat sans vote au sujet de la défense française et européenne, son financement ou encore l'intégration de l'Ukraine dans l'UE et l'Otan. Les sénateurs débattront du sujet mardi. 

Tous les députés ont salué la présence en tribune d'Omelchenko Vadym, ambassadeur d'Ukraine en France. Les élus lepénistes et ciottistes ne se sont toutefois pas joints aux applaudissements lorsque François Bayrou a dénoncé la "volonté d'humiliation" de Donald Trump envers le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche. L'altercation entre les deux hommes, vendredi, revêtait un caractère "assez normal", avait estimé samedi Marine Le Pen, arguant "un chemin (...) difficile" vers "la paix".

Répondant au Premier ministre François Bayrou, pour qui l'Union européenne est le "seul chemin et la seule stratégie possible", la patronne des députés du Rassemblement national a déclaré qu'elle ne pourrait "jamais soutenir une chimérique défense européenne", notamment en raison de la dissuasion nucléaire dont seule la France dispose au sein de l'UE. Marine Le Pen a appelé à "soutenir" Kiev avec "réalisme". "Les seuls à défendre l'attitude méprisante du président Trump (...) c'est l'extrême droite", a répliqué Paul Christophe, patron des députés Horizons, parti d'Édouard Philippe.

"L'Europe s'est trop reposée sur les Etats-Unis"

"Accélérons le processus d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. C'est la solution pour pouvoir faire front lors des échanges à venir", a martelé l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, chef du groupe Ensemble pour la République. Envisageant des "clauses de sauvegarde" pour préserver l'agriculture des conséquences potentielles d'une concurrence ukrainienne, le président de Renaissance a appelé à revoir "la position de la France sur les avoirs russes gelés", et à les utiliser "pour aider l'Ukraine". Boris Vallaud, chef des députés PS, a, lui aussi, demandé de saisir les "200 milliards d'avoirs russes gelés" dans les banques européennes.

Pour la Droite républicaine, Michel Herbillon a approuvé l'objectif de porter l'effort de dépenses pour la défense à 3,5% du PIB "si jamais les États-Unis venaient à se désengager de notre protection collective", et appelé à une "réorientation massive" vers le matériel européen alors que "près des deux tiers des achats de défense européens sont faits auprès d'industriels américains".

"Ces discussions de chiffres pris abstraitement sont absurdes", lui a répondu Aurélien Saintoul, orateur pour La France insoumise, dépeignant, lui aussi, une France dans "une situation de dépendance à l'égard des États-Unis qui est critique". L'écologiste Cyrielle Chatelain a, de son côté, appelé l'UE à "s'affirmer". "L'Europe s'est trop reposée sur les Etats-Unis", a affirmé la cheffe des députés écologistes. Elle s'est ainsi prononcée pour que l'UE devienne "une force politique et militaire". "Pour la première fois depuis 1945, la peur de la guerre s'installe en chacun de nous", a-t-elle ajouté.

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