Visite à Nicolas Sarkozy en prison : le procureur général près la Cour de cassation pointe le "risque d'atteinte à l'indépendance des magistrats", après les propos du ministre de la Justice

Remy Heitz était l'invité de la matinale de franceinfo mardi. La veille, le ministre de la Justice a annoncé sur qu'il "irait en prison" pour rendre visite à Nicolas Sarkozy.

Article rédigé par franceinfo
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Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, sur franceinfo, le 1er octobre 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, sur franceinfo, le 1er octobre 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La visite que le ministre de la Justice Gérald Darmanin compte faire à l'ancien président Nicolas Sarkozy en prison représente "un risque d'obstacle à la sérénité et d'atteinte à l'indépendance des magistrats", craint Rémy Heitz procureur général près la Cour de cassation invité de franceinfo mardi 21 octobre. 

Nicolas Sarkozy est attendu mardi à la prison de la Santé pour purger une peine de
cinq ans d'emprisonnement après avoir été jugé coupable d'association de malfaiteurs dans l'affaire dite du financement libyen de sa campagne présidentielle victorieuse en 2007. De son côté, le garde des Sceaux s'est défendu sur X de porter atteinte à "l'indépendance des magistrats" en annonçant qu'il irait voir Nicolas Sarkozy en prison pour s'assurer de sa sécurité, ce qui relève selon lui de son "devoir de vigilance"

"Il est important que cette affaire puisse être jugée en toute sérénité", insiste le plus haut procureur de France.  La veille, le ministre de la Justice a annoncé sur France Inter qu'il "irait en prison" pour rendre visite à Nicolas Sarkozy pendant son incarcération à la prison de la Santé : "Je ne peux pas être insensible à la détresse d'un homme", a déclaré lundi le garde des Sceaux. Pourtant, pour Rémy Heitz, "il y a un risque qu'une telle visite soit ressentie par les magistrats et perçue par l’opinion comme une forme d’obstacle à cette sérénité recherchée", alors qu'un président français est incarcéré pour la première fois de l'Histoire de la Ve République. 

"Il est important que cette affaire puisse être jugée en toute sérénité"

Il rappelle que c'est "une affaire dans laquelle il y a eu beaucoup de critiques très vives, excessives, avec des menaces contre les magistrats". "Il faut préserver de toute influence l'intervention des magistrats dans un dossier aussi sensible", lance-t-il.

En septembre, Emmanuel Macron avait d'ailleurs condamné ces attaques et menaces de mort à l'encontre des magistrats, des propos "inadmissibles". En revanche, Rémy Heitz dit ne pas avoir de "commentaire à faire", sur le fait qu'Emmanuel Macron a reçu Nicolas Sarkozy quelques jours avant son incarcération. Mais, il insiste : "Il est important que cette affaire puisse être jugée en toute sérénité".

Il souligne également que l'ancien président Nicolas Sarkozy a fait appel de sa condamnation : "Cette affaire n’est pas terminée, la procédure est en cours. Un appel a été formé et donc des audiences vont se tenir et sans doute très prochainement puisque M. Sarkozy a demandé sa remise en liberté". Pour ces futures audiences, le procureur général près la Cour de cassation souligne qu'il est indispensable que "les débats puissent se tenir de façon apaisée, ce doit être l'objectif poursuivi par tous ".  

 

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