Présidentielle : "Éric Zemmour est crédible dans cette histoire d'union des droites", selon un politologue
Le candidat d'extrême droite pourrait attirer à la fois des électeurs du Rassemblement national et des Républicains, notamment sur les questions liées au "fait migratoire" et au "rapport à l'autorité", selon Mathieu Souquière, expert de la Fondation Jean-Jaurès.
Mathieu Souquière, expert de la Fondation Jean-Jaurès, et co-auteur avec Damien Fleurot de 2022, la flambée populiste, estime samedi 22 janvier sur franceinfo, qu'"Éric Zemmour est crédible dans cette histoire d'union des droites", alors que le candidat à l'élection présidentielle a reçu le soutien de plusieurs ex-membres du Rassemblement National.
Franceinfo : Éric Zemmour prône l'union des droites. À qui s'adresse-t-il ?
Mathieu Souquière : On voit bien avec ce meeting qu'on rentre dans une deuxième séquence pour Éric Zemmour, séquence qui est tout à fait différente de la première. Si l'on compare le meeting de Cannes avec le premier qu'il avait tenu à Villepinte au mois de décembre, nous sommes clairement dans deux salles et deux ambiances radicalement différentes. Il avait cette fois à la tribune autour de lui un certain nombre de ralliements qui pèsent symboliquement, qui sont des personnes que l'on connaît, qui viennent à la fois de la vieille extrême droite du Rassemblement national et des Républicains.
Nous voyons donc bien que l'image d'Eric Zemmour, qui était jusqu'à présent un homme seul contre tous et qui très clivant, est en train précisément de changer. Cette deuxième séquence est d'une autre nature car il n'est plus là pour cliver. Il est désormais là pour rassembler. C'est tout le paradoxe d'Eric Zemmour depuis le début. Il est celui qui percute Marine Le Pen par sa droite. Il est cette fameuse extrême droite re-diabolisée. Pourtant, dans le même temps, il peut incarner l'union des droites.
À qui demande-t-il de le rejoindre ? Plutôt aux électeurs ou aux autres membres du Rassemblement national et des Républicains ?
En tous cas, on voit bien qu'il est crédible dans cette histoire d'union des droites. Jusqu'à présent, l'union des droites a été un tabou dans les campagnes présidentielles parce qu'elle ne servait les intérêts ni de l'extrême droite ni de la droite. Souvenons-nous qu'à l'époque de Jean-Marie Le Pen, il condamnait déjà à l'époque ce qu'il appelait "l'UMPS". Il n'était alors pas question pour le Front national de laisser entendre qu'on pouvait établir des passerelles avec la droite, qui avait en réalité trahi son camp. Et de la même façon, à l'époque de Jacques Chirac, il y avait un cordon sanitaire qu'on s'employait à maintenir vis-à-vis de l'extrême droite.
"Là, la question de l'union des droites devient centrale dans la campagne parce que la porosité des électorats n'a sans doute jamais été aussi grande qu'aujourd'hui."
Mathieu Souquière, expert de la Fondation Jean Jaurèsà franceinfo
En particulier sur le rapport à l'autorité et encore plus sur le fait migratoire. Les positions des sympathisants LR sont totalement alignées sur les positions des sympathisants du Rassemblement national ou de ceux qui soutiennent Éric Zemmour. Il y a un enjeu à tendre la main à cette partie-là de la droite. La droite modérée, la droite libérale est d'une certaine façon déjà au pouvoir avec Emmanuel Macron. Voilà pourquoi, aujourd'hui, Eric Zemmour est totalement fondé à revendiquer cette capacité de l'union qu'il pourrait être le seul à faire.
Est-ce qu'il peut compter sur d'autres ralliements dans les semaines à venir ?
Parmi les têtes d'affiche ou certains élus, on ne sait pas. En revanche, on sait que Guillaume Peltier est tout à fait actif aujourd'hui dans le recollement d'un certain nombre de parrainages jusqu'à ces derniers jours. On ne sait pas encore, évidemment, si d'autres têtes d'affiche tomberont dans les prochaines semaines. On peut tout à fait imaginer, en revanche, qu'à la faveur d'une dynamique de campagne, des choses puissent s'opérer. L'électorat de droite, conservateur, proche des Républicains, était un électorat fiable, solide, stable lors des élections passées. Cela n'est plus le cas.
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