Retraites : "Cette réforme est indispensable pour pérenniser notre système par répartition", estime la porte-parole des Républicains, Agnès Evren

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6Medias
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Les actualités ne manquent pas du côté du parti Les Républicains (LR). Sa porte-parole, Agnès Evren, était l'invitée des "4 Verités" sur France 2 pour les évoquer et répondre aux questions de notre journaliste Cyril Adriaens-Allemand.

Agnès Evren porte-parole des Républicains (LR) était l'invitée des "4 Vérités", jeudi 23 octobre. Au micro de Cyril Adriaens-Allemand, elle a abordé notamment la question des membres du parti ayant accepté de faire partie du gouvernement Lecornu 2, ou encore la candidature de Rachida Dati à la mairie de Paris.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Cyril Adriaens-Allemand : Une décision a été prise hier soir au bureau politique contre les frondeurs LR, ces élus qui, contre l'avis de votre parti, sont entrés au gouvernement. Ils sont six et étaient menacés d'exclusion, mais ce sera finalement une simple suspension. Pourquoi avoir reculé ?

Agnès Evren : Ce n'est pas un recul, c'est tout simplement un objectif d'apaiser un peu l'ambiance qui, il est vrai, était un peu fracturée ces dernières semaines. L'idée était de fermer cet épisode et de mettre toutes nos forces dans la bataille du budget avec un objectif qui est très clair, c’est-à-dire essayer de rassembler les députés et les sénateurs avec une seule boussole : aucune augmentation d'impôts et la réduction drastique des dépenses publiques.

Vous leur donnez une sorte de permis de séjour au gouvernement et quand ce sera fini, pourront-ils revenir ?

Les choses ont été dites. Un parti politique, vous savez, ce n'est pas une auberge espagnole. Les Républicains représentent un parti de gouvernement qui a dominé la Ve République, qui a donné cinq présidents de la République à la France, et donc nous avons une colonne vertébrale. Il se trouve qu'aujourd'hui, en effet, le président Bruno Retailleau, qui a été élu à 75 % des voix, est totalement légitime. Il avait donné la ligne politique. Certains ont décidé d'aller au gouvernement. Moi, je respecte ce choix.

Ils avaient pris les devants, ils se sont mis en retrait du parti donc aujourd'hui ils n'ont été suspendus que de leur qualité d'adhérent mais pour autant ils reviendront, je l'espère très vite, dans notre famille politique. Il y a eu un choix qui a été validé par le bureau politique qui était de dire qu'ils étaient suspendus en qualité d'adhérents mais qu'ils pouvaient continuer de servir au sein du gouvernement. C'est peut-être un peu contradictoire mais c'est ainsi.

Le cas particulier de Rachida Dati

Rachida Dati fait partie de ces ministres suspendus, mais reste cependant soutenue par Les Républicains depuis fin août pour la bataille de Paris. Est-ce que c'est toujours le cas ?

C'est toujours le cas, pour une simple et bonne raison : elle a été investie à l'unanimité par la commission d'investiture. Et nous soutenons en France des candidats qui ne sont pas nécessairement ou obligatoirement LR. C'est le cas, par exemple, à Lyon où nous soutenons le candidat Jean-Michel Aulas. Donc elle continue d'être notre candidate, d'autant qu'elle est la seule à incarner aujourd'hui l'opposition à la gauche à Paris. Et l'incarnation politique, ça compte énormément. Nous souhaitons gagner Paris.

"Demeurer au sein de ce gouvernement reviendrait à se fondre dans le macronisme en renonçant à l'indépendance et aux convictions qui fondent notre engagement." Je cite le communiqué des Républicains. Donc on peut être à la fois dans cette position et être soutenu par LR pour devenir, pourquoi pas, maire de Paris ?

Il y a des instances qui ont statué, elle est notre candidate à la mairie de Paris et pour autant, elle a été suspendue. Mais vous savez, ces six ministres avaient pris les devants encore une fois en envoyant un communiqué parce qu'il y avait une procédure contradictoire et en disant qu'ils se mettaient en retrait des LR. Donc aujourd'hui, nous sommes dans cette situation, il est vrai un peu complexe, mais parce que c'est important de marquer que la droite a une colonne vertébrale. Il y a un président qui a été élu légitimement, qui a pris une décision.

Un rejet de la suspension de la réforme des retraites

Un conseil des ministres exceptionnel se réunira tout à l'heure en visioconférence pour adopter la lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Elle va graver dans le marbre la suspension de la réforme des retraites. Elle coûtera 1,4 milliard d'euros et sera financée à la fois par les complémentaires et aussi par les retraités eux-mêmes via une sous-indexation de leurs pensions par rapport à l'inflation. Est-ce que vous approuvez ce montage ?

Absolument pas. Évidemment, nos députés à l'Assemblée et nous-mêmes au Sénat, voteront contre la suspension de la réforme. Très franchement, j'ai trouvé assez grotesque de revenir sur la principale réforme structurelle engagée depuis sept ans qui visait à réduire le poids de nos dépenses publiques. Aujourd'hui, le versement des pensions, c'est 14 % de notre PIB. Et on a un sujet démographique, les choses sont très claires. On a aujourd'hui, cette année, plus de décès que de naissances.

Cette réforme est indispensable pour pérenniser notre système par répartition. Il faut aussi reconnaître aujourd'hui qu'il n'y a pas 36 solutions pour pérenniser ce système : soit on augmente les cotisations, ce qui obérerait la compétitivité des entreprises, soit on baisse les pensions, où on touche à la mesure d'âge. Nous considérons aujourd'hui, compte tenu encore une fois de ce facteur démographique imparable, que nous ne devons absolument pas revenir sur cette réforme.

Les députés de la commission des finances ont massivement rejeté cette nuit la partie 'recettes' du budget. Bruno Retailleau disait hier dans le Figaro : à ce stade, le budget est invotable. Est-ce le cas ?

Il est invotable pour une simple et bonne raison : on a bien vu aujourd'hui que c'était la foire aux impôts et aux taxes dans un pays qui est champion du monde des prélèvements obligatoires. C'est 46 % de notre PIB et nous, nous voulons, et c'est notre boussole, réduire drastiquement les dépenses publiques. Parce qu'en fait, on demande beaucoup d'efforts aux Français, mais il y en a un qui ne fait jamais d'efforts : l'État.

L'État doit se serrer la ceinture plutôt que de ponctionner systématiquement la poche des Français. Nous avons deux questions fondamentales. La première, c'est de mieux rémunérer le travail qui n'est pas suffisamment rémunéré en France et de lutter contre l'assistanat. Nous proposons l'installation d'une allocation sociale unique plafonnée à 70 % du SMIC pour que les revenus des allocations ne soient pas supérieurs aux revenus du travail et évidemment la défiscalisation des heures supplémentaires.

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