"On a besoin de parler au centre gauche" : avec l'hommage national à Jacques Delors, Emmanuel Macron veut envoyer un signal à six mois des Européennes
Le président veut s'inscrire dans les pas de Jacques Delors, devant un parterre composé de nombreux dirigeants européens. Et tant pis si l'ex-président de la Commission européenne avait critiqué sa politique.
Toute l'Europe sera à Paris vendredi 5 janvier. Un hommage national à Jacques Delors, mort le 27 décembre dernier à 98 ans, est organisé dans la matinée à l'hôtel des Invalides, à Paris, en présence de nombreux dirigeants européens. Après la Marseillaise, devant le cercueil, l’orchestre de la garde républicaine entonnera l'Ode à la joie, hymne officiel de l’Union européenne. Emmanuel Macron présidera cette cérémonie et prononcera l'éloge funèbre de l'ancien président de la Commission européenne.
Le chef de l’État a convié à cette cérémonie les 27 dirigeants de l'Union européenne : le président allemand, les premiers ministres de la Belgique, du Luxembourg... Les pays fondateurs de l'UE seront présents tout comme les dirigeants portugais, bulgare, roumain, et même le Hongrois Viktor Orban, pourtant le pied sur le frein en ce moment sur la construction européenne. Les chefs des institutions, Ursula Von der Leyen pour la Commission, Charles Michel pour le Conseil européen, Roberta Metsola pour le Parlement et Christine Lagarde pour la BCE vont aussi saluer celui qui, à la tête de la Commission, fut le premier à traiter le Parlement européen en interlocuteur sérieux. Et qui a, par ailleurs, bâti les fondations de la monnaie unique.
Macron est "nécessairement l'héritier de Delors"
Emmanuel Macron, qui avait déjà souligné "l'héritage" de Jacques Delors dans ses vœux du 31 décembre et qui a aussi évoqué un "épuisable artisan de notre Europe", entend bien montrer qu'il se place dans les pas de l'ancien socialiste, avec les élections européennes du mois de juin en ligne de mire. Certains parleront de captation d'héritage, car en saluant l""Europe unie, intégrée, de convergence et de solidarité" voulue par Jacques Delors, Emmanuel Macron parlera en même temps de son Europe à lui. Un parallèle assumé du côté de l'Élysée : le chef de l'État, dit-on, est "nécessairement l'héritier de Jacques Delors".
Cette cérémonie en l’honneur de Jacques Delors est aussi un message, assume d'ailleurs l'eurodéputé Stéphane Séjourné, président du groupe Renew et chef des macronistes au Parlement européen. "Il y a énormément de forces politiques aujourd’hui en Europe qui prônent un retour aux États-nations, et d’autres comme nous qui veulent avancer sur la construction européenne avec de nouveaux chantiers."
"On a besoin d’Europe, et ce besoin d’Europe sera aussi commémoré dans cet hommage national."
Stéphane Séjourné, président du groupe Renew au Parlement européenà franceinfo
Delors avait pourtant critiqué la politique d'Emmanuel Macron
Dans cette volonté de s'inscrire en héritage, EMmanuel Macron oublie peut-être que l'ancien président de la Commission européenne avait critiqué sa politique, "pas sociale-démocrate". Qu'importe aussi qu'ils ne se soient jamais rencontrés.
À six mois des élections européennes, l'arrière-pensée électorale existe, même si l'Élysée s'en défend. "On a besoin de parler au centre gauche", reconnaît un cadre macroniste, pour faire oublier sans doute aussi la loi immigration dans cet électorat. Il faut dire qu'il sera crucial pour le chef de l'État s'il ne veut pas être distancé par un RN présenté comme favori de ce qui sera le seul scrutin majeur d'ici la fin du quinquennat.
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